La mobilité des Hongrois
Même si les jeunes hongrois sont plus mobiles que leurs compatriotes d’âge moyen, peu sont ceux qui cherchent à travailler à l’étranger, selon Szabolcs Angyal, rapporteur de l’Institut national de formation professionnelle et András Kalmár, manager du Service d’emploi européen.
La disposition des Hongrois à partir travailler à l’étranger n’a pas évolué avec l’adhésion du pays à l’Union européenne en 2004. Les jeunes hongrois ne sont pas mobiles à l’intérieur du pays et encore moins sont ceux qui veulent travailler à l’étranger malgré la forte demande de travailleurs qualifiés. Dix ou vingt fois plus de ressortissants des autres pays d’Europe centrale que de Hongrois se rendent en Irlande et en Grande-Bretagne. Le nombre des Hongrois qui travaillent dans un pays étranger ne dépasse pas les 1 à 1,5% de la population (à titre de comparaison, en Europe 3 à 5% des habitants travaillent hors de leur pays), ce qui signifie que 50 à 60 000 Hongrois travaillent dans un pays européen. Les pays cibles favoris des jeunes Hongrois sont l’Allemagne, dans le domaine de la restauration et en tant que main-d’œuvre, et la Grande Bretagne, dans le secteur de la santé. En en outre, l’Irlande, les Pays Bas et la région méditerranéenne sont également très populaires.
Malgré le fort taux de chômage qui touche actuellement la Hongrie (de l'ordre de 8%), peu sont ceux qui prennent le risque d’aller tenter leur chance à l’étranger. Seuls ceux qui sont hautement qualifiés, notamment, dans la majorité des cas, des personnes travaillant dans le domaine de la santé, tentent leur chance à l'extérieur du pays. Il s’agit alors, dans le cas de la Hongrie, d’une mobilité de la matière grise dont le pays peut tirer un très grand profit car, d’après l’enquête d’EURES (European Employment Services), les salariés étrangers retournent dans leur pays respectif après 2 ou 3 ans pour y faire fructifier leurs connaissances professionnelles et linguistiques.
Le manque de mobilité peut être expliqué par plusieurs facteurs. Tout d’abord, le manque de connaissance des langues étrangères constitue un véritable obstacle, ce facteur étant évidemment indispensable pour pouvoir postuler à un poste, constate Marcell Tanay, directeur de EUWORK Kft. Par ailleurs c'est le système éducatif lui-même qui serait à l’origine de l’immobilité. Des initiatives ont déjà été engagées pour simplifier le catalogue des métiers et d’introduire un système de module dans l’éducation professionnelle afin de faciliter la validation des connaissances dans un pays de l’UE. Le but de ces mesures serait alors d’assurer une qualification de qualité pour aider les travailleurs à faire face de façon bien efficace à la concurrence sur le marché européen. Enfin, même si les travailleurs ne sont pas satisfaits de leur travail en Hongrie, beaucoup sont découragés par les démarches administratives qu’ils doivent effectuer pour pouvoir s’installer à l’étranger. Les mesures engagées par l’Union européenne cherchent à rendre ces démarches plus faciles pour assurer la mobilité et la liberté de circulation parmi les Etats membres, notamment à l’aide d’un portail d’emploi et à travers diverses campagnes et manifestations.
Une question très actuelle se pose toutefois: Comment la crise économique influencera-t-elle la mobilité des Hongrois? Géza Kovács, chef du département de migration au Bureau des affaires sociales et de l’emploi, constate que la récession influence la mobilité des travailleurs de façon moindre que prévue car il y a une demande de main-d’œuvre de la part du Royaume-Uni, de l'Allemagne et de l'Autriche, et ce malgré une situation financière très difficile. Les Hongrois peuvent alors choisir parmi différents travaux saisonniers, surtout dans le domaine de la restauration et de l’agriculture. De plus, le recrutement pour les Jeux Olympiques de Londres en 2012 commencera bientôt.
Les Hongrois ne sont toutefois pas plus mobiles à l’intérieur du pays. Même si les villes de Tatabánya, d’Esztergom et de Székesfehérvár offrent des possibilités d'emplois, surtout dans le domaine de l’ingénierie, très peu acceptent de travailler en province. Anikó Pethô, conseillère de Aarenson Consulting Kft. affirme que, selon leur expérience, la plupart des ingénieurs n’acceptent un poste de cadre supérieur qu'à 60 km de Budapest au maximum. Les jeunes diplômés non plus ne comptent pas sur d'éventuelles oportunités hors de la capitale. Seulement un sur cinq envisagerait de débuter sa carrière enprovince. La crise économique changera-t-elle la donne? L’avenir nous le dira...
Máté Kovács