La leçon de piano

La leçon de piano

Entretien avec Julien Kurtz

 

Julien Kurtz est le directeur artistique du festival de piano "Les Amateurs !", qui se déroulera du 31 Octobre au 5 Novembre, à l’Institut Français de Budapest (entrée gratuite). L’occasion de rencontrer un grand nombre de pianistes de talents, et d’assister à des cours.

 

 

JFB : Comment vous est venue l’idée de créer ce projet, baptisé "Les Amateurs !" ?

Julien Kurtz : Ce festival est né d’une rencontre avec Dominique Xardel (actuel président du festival) il y a quatre ans. L’idée nous est venue suite à un constat : les concours s’étaient multipliés un peu partout dans le monde pendant 20 ans, mais jusque-là, personne n’avait encore pensé à organiser un grand événement qui permette à ces pianistes hors pair de se réunir en dehors de tout esprit de compétition.

 

JFB : Comment se déroule justement la sélection des artistes qui participent à ce festival ?

J.K. : Une sélection est réalisée parmi les finalistes des concours internationaux, le but initial étant de réunir le plus grand nombre de participants, simplement pour le plaisir de jouer. Nous effectuons donc notre choix parmi les lauréats de ces concours. Et dans la mesure de nos possibilités, nous intégrons également des pianistes professionnels à la programmation. Pour notre édition hongroise, j’ai notamment contacté Gábor Eckhardt, pianiste Budapestois et Luiz de Moura Castro, pianiste Brésilien qui, outre des masterclasses, clôturera également le festival.

 

JFB : Vous avez justement pris pour habitude d’organiser ce festival en deux étapes*, est-ce une volonté ? Rencontrez-vous des difficultés ?

J.K. : Oui. D’une part, l’organisation est française, c’est donc une volonté de se produire en France. D’autre part, nous avons voulu lier l’utile à l’agréable : c’est un projet qui regroupe des passionnés et c’est pour tous un réel plaisir de voyager et de se produire à l’étranger. L’année prochaine nous irons à Saint-Pétersbourg. Un choix qui, au départ, nous avait paru ambitieux mais qui finalement, grâce notamment à des partenaires de qualité, est en très bonne voie. Néanmoins, il nous arrive d’être confrontés à des difficultés, comme lorsqu'il s'agit de trouver des structures d’accueil, des salles de répétition. A Budapest, c’est l’Institut Français qui nous prête aimablement son auditorium.

 

JFB : A ce propos, pourquoi avoir choisi Budapest pour cette édition ? Je suppose que l’année du bicentenaire de la naissance de Franz Liszt n’est pas un hasard…

J.K.: Comme vous le soulignez, cette année est l’occasion de rendre hommage à Liszt, dont je suis un vrai passionné. C’est l’un des compositeurs préférés de la plupart des pianistes et le choix de Budapest pour lui rendre hommage s’est imposé comme une évidence. Nous avons demandé à l’ensemble des participants d’inclure au moins une œuvre de Liszt dans leur récital, ce qui permettra d’avoir un aperçu très large des multiples facettes du talent du compositeur.

 

JFB : Ce festival est axé sur la musique classique, souhaitez-vous à l’avenir évoluer vers d’autres courants musicaux, comme le jazz par exemple ?

J.K. : Il est vrai que la grande majorité des pianistes invités ont une formation de musicien classique. Toutefois, j’adore le jazz ! Et j’aimerais justement à l’avenir inclure quelques artistes de jazz dans notre programmation. C’est pourquoi, pour l’édition à venir (au Théâtre du Châtelet à Paris, en juin 2012), et pour la première fois, j'invite la pianiste de jazz japonaise Hiromi. Nous avions également fait intervenir, en juin dernier, le pianiste improvisateur Jean-François Zygel.

 

JFB : Avez-vous d’autres ambitions pour les éditions à venir ?

J.K. : Notre ambition est de pouvoir continuer à développer le festival, lui donner une ampleur et une visibilité accrue chaque année. Au-delà du plaisir de se produire régulièrement sur de grandes scènes, l’objectif pour les pianistes invités est de permettre à un public plus large de se familiariser avec la musique classique. Celle-ci souffre d’un vrai problème de transmission, notamment auprès des jeunes. C’est la raison pour laquelle les concerts et masterclasses proposés à Budapest sont gratuits : la barrière financière est levée et nous espérons ainsi attirer un public large et diversifié.

 

JFB : Vous êtes également partenaire de l’association VSArt (Volontariat et Soutien par l’Art), pouvez-vous nous en dire un peu plus?

J.K. : En effet, cette association nous permet de toucher un public qui a peu ou pas de contacts avec l’univers de la musique classique. Nous produisons des concerts dans des hôpitaux, des maisons de retraite, des centres de détention, ...

Le plus difficile dans l’approche de la musique classique, c’est la première fois! Une fois que les gens ont vu et entendu ce dont il s’agit, rares sont ceux qui y restent indifférents. Il faut donc tout faire pour permettre au public d’accéder à la musique vivante une première fois – la perception qu’on peut avoir à l’écoute d’un disque et celle qu’on a en présence d’un musicien sont deux choses radicalement différentes : un concert est un spectacle à part entière, et on devient très vite accroc!

Julien Desbois

 

* Edition 2009 : Nice/Rio, édition 2010 : Nice/Shanghai, édition 2011 : Paris/Budapest.

Programmation complète sur www.les-amateurs.org

 

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