La Hongrie s’invite à Montpellier

La Hongrie s’invite à Montpellier

La Hongrie s’invite à Montpellier

Rencontres au Festival de Montpellier

 

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« Enchanter nos rêves de musique ... »

«C’est une histoire extraordinaire que je voulais te raconter… Elle commence, très loin d’ici, à la frontière entre la Russie et la Hongrie… j’étais le hussard le plus valeureux du pays. Toutes les filles de Hongrie parlaient de moi.» – c’est ainsi que les paroles du vétéran Háry János sont récitées par Gérard Depardieu dans une version exceptionnelle franco-hongroise présentée et enregistrée lors du festival de Montpellier. Depardieu a tenu le rôle-titre dans cette «singulière entreprise de théâtre lyrique» du compositeur hongrois Zoltán Kodály. Quel beau rôle que de raconter des aventures héroïques du temps des guerres napoléoniennes, un curieux mélange de vérité historique et de légendes, de rêves et de contes populaires. Une musique inspirée par les chansons populaires hongroises avec une orchestration admirable. Kodály a inventé une forme où alternent passages parlés et chantés. Le tout enregistré avec la brillante participation de l’orchestre National de Montpellier. Comment Radio France a-t-elle atterri à Montpellier, on ne le sait plus trop, mais ce Festival, qui a su s’implanter dans le midi depuis plus de 20 ans, est une réussite que l’on doit sans doute aux raretés musicales que son directeur, René Koering, réserve au public, année après année. Il sait dénicher des perles rares.

Toujours à la découverte du répertoire hongrois - nous remontons un peu dans le temps. Il a mis au programme la messe de Szeged de Dohnányi, ainsi que la symphonie Kossuth de Bartók, que l’on joue très peu en dehors de la Hongrie. Il a par ailleurs des projets pour d’autres oeuvres de Bartók que l’on (re)découvre seulement maintenant. Le vrai luxe : «celui d’enchanter nos rêves de musique», dit-il. Sous la baguette magique d’Ivan Fischer, l’Orchestre du Festival de Budapest a présenté le Château de Barbe-Bleue de Bartók. Par ailleurs, en ce début d’été, c’est un documentaire émouvant, Béla Bartók, l’homme juste, qui est projeté devant une salle comble. La réalisatrice Emmanuelle Franc a participé à un débat passionnant avec le public à l’issue de la projection. Et ce soir-là , dans la salle de l’opéra Berlioz, les mélomanes n’ont cessé d’applaudir Bartók à travers l’interprétation de deux jeunes virtuoses, le pianiste turc Fazil Say et la violoniste moldave Patricia Kopatchinskaya.

«Pétales de fleurs froissés dans un nuage blanc. Eclats de soleil...».

C’est ainsi qu’Eszter Forrai évoque l’art de Simon Hantai, peintre d’origine hongroise, dans son recueil de poèmes Collection privée, son musée virtuel à elle. Nous retrouvons les toiles de Hantai, en compagnie d’autres peintres d’origine hongroise, au Musée Fabre, au coeur de Montpellier, qui a réouvert ses portes cette année, faisant ainsi la une des médias. Dans le nouveau pavillon dédié à l’art contemporain, c’est en compagnie de Jérôme Farigoule que nous découvrons les toiles de Hantai, de Judit Reigl et d’Árpád Szenes. Judith Reigl et Simon Hantai sont arrivés à deux ans d’intervalle à Paris et tous deux furent découvert dès les années 50 par André Breton. Ils ont ensuite quitté le mouvement surréaliste, étant constamment à la recherche de nouvelles expériences. Cette année les oeuvres de Reigl et de Simon Hantai sont exposées à la fois dans des galeries hongroises, à Budapest et Szentendre, et françaises. On peut découvrir leurs oeuvres au musée d’art moderne de Paris et dans la nouvelle collection du musée Fabre, car ces peintres occupent une place centrale pour les générations qui ont suivi, en particulier pour les artistes de Supports Surfaces, peintres issus pour la plupart du sud de la France et qui se sont rencontrés à l’école des beaux-arts de Montpellier. Un beau parcours à suivre avec toute la donation Soulages au fabuleux musée Fabre !

Éva Vámos


Quelques repères : enregistrements et livres cités :

Háry János. de Zoltán Kodály, CD avec livret en français, hongrois, anglais et allemand. (2005 Euterp. Montpellier, Universal Editions AG Vienne. Directeur artistique René Koering)

Collection privée. de Eszter Forrai, recueil adapté du hongrois par Sylvie Reymond-Lépine. ( Ed bilingue. L’Harmattan)

Magyar képzômûvészek Franciaországban. (Artistes hongrois en France) de Júlia Cserba, avec illustrations et résumé en français (2006 Vince Kiadó

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