La Hongrie, l’autre pays du vélo
Le phénomène Critical Mass
Le Critical Mass s’est de nouveau réuni la semaine dernière dans plusieurs grandes villes de Hongrie. Mais cette fois-ci, l’on n’a pas dévié la circulation pour laisser passer les cyclistes…
Même si l'organisation Critical Mass n'existe en Hongrie que depuis 2004, les manifestations cyclistes sont déjà ancrées dans la tradition. En effet, les coursiers budapestois, qui se déplacent à vélo, avaient déjà organisé des défilés et des concours (par exemple le concours mondial des coursiers-cyclistes en 2001) à plusieurs reprises dans la capitale hongroise avant que le premier Critical Mass ne soit organisé.
Il y a désormais deux manifestations de Critical Mass par an : la première en avril, à l’occasion de la Journée de la Terre, et la deuxième le 22 septembre, le jour de clôture de la Semaine de Mobilité européenne, organisée parallèlement à la journée sans voitures. Le but des organisateurs est de populariser l’usage du vélo, ce moyen de transport rapide, économique, sain et écologique. Ils souhaitent ainsi maintenir une certaine pression sur les hommes politiques afin de développer rapidement une infrastructure pour les cyclistes.
Leur nom fait référence au fait que les cyclistes et les piétons ne peuvent circuler dans des conditions égales aux voitures qu’en se réunissant.
Le phénomène a déjà obtenu d’importants résultats. L’un de leurs grands succès est par exemple la loi de 2006 qui stipule que la construction de couloirs pour les cyclistes soit désormais rendue obligatoire lors des rénovations de voirie. Et petit à petit, les citoyens cyclistes ont été invités à se pencher sur les plans de ces travaux. Avant les élections de 2006, tous les grands partis hongrois avaient développé un programme pour faciliter la conduite à vélo.
Lundi 22 septembre, le défilé a été organisé un peu différemment des événements précédents puisque la circulation n’a pas été déviée. Seuls les cyclistes de plus de 12 ans étaient donc invités à y participer. Les automobilistes ne pouvaient toutefois pas circuler sur l’avenue Andrássy, et, ce, dans le cadre de la journée sans voitures et dans les grands carrefours, la police assurant tout de même la circulation. Les participants devaient se rendre de la place Hôsök à la place Moszkva, mais chaque participant pouvait parcourir cette distance comme il l’entendait, en choisissant librement son itinéraire. Cette manifestation a eu lieu entre 19h et 20h, heure d’arrivée à destination. 10 000 personnes ont pris part à l’événement mais pas toujours à bicyclette puisque certains ont parcouru cette distance en patins à roulettes, d’autres à monoclycle, tricycles ou bien en tandem.
Selon Gábor Kürti, principal organisateur du Critical Mass, aucun accident ni problème majeur n’est à déplorer. Mais il y a tout de même eu de petits embouteillages sur le Lánchíd et dans le tunnel, et – malheureusement – tous les participants n’ont pas respecté le code de la route, en roulant par exemple sur la chaussée dans le tunnel... Selon l’organisateur, les habitudes et attitudes des Budapestois sont en train de changer. C’est ce que souligne le nombre de cyclistes dans la capitale hongroise, qui double chaque année depuis trois ans, même si le chemin est encore long.