La Hongrie a laissé les OGM à Bruxelles

La Hongrie a laissé les OGM à Bruxelles

Le seul point sur lequel les cinq partis parlementaires hongrois sont d’accord, c’est la culture du maïs génétiquement modifié. La Hongrie a remporté un grand succès le 2 mars, lors de la Réunion des Ministères de l’Environnement: la Commission Européenne proposait de supprimer l’interdiction de la culture du maïs génétiquement modifié, le dénommé le Mon810. La plupart des pays, aux côtés de la Hongrie, ont voté contre la suppression de cette interdiction.

Le maïs Mon 810 est une espèce qui a été génétiquement modifiée afin qu’il produise lui-même son propre pesticide contre le parasite du maïs. Mais en Hongrie ce type de parasite fait beaucoup moins de dégâts que dans les autres pays européens. C’est pourquoi les experts soulignent que l’avantage apporté par le Mon810 est peu significatif, d’autant plus qu’on ne sait pas encore si le poison qu’il produit n’est pas nocif également pour la terre arable. Ce qui est sûr en revanche, c’est que celui-ci fait plus de dégâts dans l’atmosphère que les traitements insecticides habituels et, selon une étude publiée la semaine dernière, il diminuerait également la fertilité des sols. Il est par ailleurs encore impossible de savoir comment le corps humain va réagir dans 20 ou 30 ans avec la consommation de ce type de légume.

Pour étayer son argumentation devant la Commission Européenne, le gouvernement a réalisé une étude en secret sur le Mon 810 afin de démontrer ses effets nocifs. Suite au succès de la présentation de ce dossier, plusieurs quotidiens hongrois l’ont présenté comme une compensation du refus d’annuler les dettes, début mars. En 2007, la Commission avait déjà réalisé une étude sur ce sujet: ses conclusions tendaient à démontrer que le Mon810 n’avait pas d’effets nocifs. Mais le gouvernement a estimé qu’une deuxième étude était toutefois nécessaire, car la première n’avait pas examiné ses effets sur la terre arable. Cependant, cette étude présentée à Bruxelles par la Hongrie n’est pas officielle.

L’interdiction de la culture des OGM avait été adoptée par la Commission en 2005. Deux ans plus tard, celle-ci cherchait déjà à revenir sur cette interdiction, mais les pays membres de l’Union Européenne ont suivi la Hongrie qui, tout comme la France, l’Autriche et la Grèce, persiste dans leur refus d’intégrer les OGM à leur agriculture. La majorité des consommateurs européens refusent également les produits OGM. La Hongrie, le deuxième producteur européen de maïs, souhaite se maintenir à cette place, non seulement pour la quantité mais aussi pour la qualité du maïs qu’elle propose. Elle a en effet plus de chances d’écouler sa production sur le marché européen si elle n’introduit pas les OGM.

Si 70% de la population hongroise s’opposent à l’utilisation des OGM dans l’agriculture, les études agroalimentaires vont dans le même sens. Le responsable de la campagne Greenpeace a par ailleurs souligné que la Commission Européenne ne cherchait pas l’intérêt des pays membres mais plutôt celui des entreprises biotechniques qui sont, selon lui, «au-dessus des nations». «Tu es ce que tu manges!» dit un célèbre dicton. Chacun a encore le droit et la chance de pouvoir décider ce qu’il veut consommer. Jusqu’à quand ?

Eszter Kocsis

 

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