La fin d’une époque
Si la victoire du Fidesz lors des dernières élections législatives était bel et bien prévue, en revanche la chute des partis MDF et SZDSZ ne semblait pas déterminée à ce point. Retour sur la fin d’une époque.
Les raisons de la chute de ces deux partis sont nombreuses: une politique indéterminée, une mauvaise communication et des tensions internes permanentes ont contribué au fait que cette union du MDF et du SZDSZ, conclue en vue des élections de 2010, n’ait pas pu franchir la barre des 5%. La disparition du Parlement des deux protagonistes du changement de régime politique en 1989 met fin à une histoire vieille de vingt ans, là où tout avait commencé… En effet, cette alliance stratégique de deux forces opposées était une mesure particulièrement ambiguë, en 1989 tout comme en 2010.
La dissimulation du MDF
L’alliance MDF-SZDSZ – le Centre Démocratique – a obtenu moins de 3% des voix, soit 150.000 électeurs, le 11 avril dernier, lors du premier tour des élections législatives. Un score insuffisant pour franchir les portes du prochain Parlement pour une nouvelle période de 4 ans. «C’est un grand échec, j’en suis consciente», a souligné Ibolya Dávid, commentant le résultat déprimant et inattendu de son parti avant de remettre sa démission de la présidence du parti à l’issue de la conférence de presse. Ni la personnalité de Lajos Bokros, ni l’alliance avec les libéraux, qui a aussitôt pris fin à l’issue des élections, n’ont pu sauver le MDF. La distribution politique change ainsi de couleur et intègre des partis proposant une politique plus déterminée. Les causes de cette chute libre du MDF sont multiples. La campagne, ayant été cette année particulièrement discrète, n’a pas touché les électeurs: les slogans, les idées, les messages et la communication du MDF n’ont pour ainsi dire pas été entendus. De plus, ces dernières années ayant été riches en tensions internes et en exclusions, le parti n’a pas pu projeter l’image d’une force unifiée, capable de représenter les intérêt des ses électeurs. Outre l’échec moral et politique du parti, le fait de ne plus faire partie du Parlement touche fortement le budget du MDF, qui a dépensé près de 1 milliard de HUF en 2009 alors que ses recettes sont estimées à 400 millions de HUF. Le financement du MDF, jusqu'à présent membre du Parlement, s'élevait à 228 millions de HUF. Mais le mauvais score du parti ne pourra lui assurer que 50 millions de HUF de subventions de l'Etat hongrois. Notons que le MDF dispose de ressources immobilières d’une valeur totale de 474 millions de HUF, dont la location ou la vente pourront servir comme solutions temporaires au financement de ces dépenses. En tous cas, l’avenir du MDF semble plutôt sombre et certains évoquent même les dernières heures du parti. «Le MDF a accompli sa vocation historique, il faut admettre que c’est la fin», a déclaré Péter Karsai, député démissionnaire qui a pris l’initiative d’annoncer la fin du MDF. A l’heure actuelle cette initiative n’a pas été soutenue.
Le renouveau du SZDSZ
Alors que la chute du MDF est désormais accomplie depuis la publication des résultats des élections législatives, l’avenir du SZDSZ ne se décidera qu’après les élections municipales, à l’automne prochain. En effet, malgré son échec à l’échelle nationale, le parti a d’importants intérêts dans la capitale. Or le SZDSZ est plutôt optimiste concernant son avenir et tente le tout pour le tout pour renaître des ses cendres. Attila Retkes, président du SZDSZ, se concentre sur le renouvellement du parti, redynamisant les membres et les supporteurs, les sources de financement et les idées politiques. Ce nouvel esprit du parti pourrait en outre être symbolisé par un nouveau nom. Par ailleurs, le très mauvais score du parti lors des dernières élections ne lui permet pas de bénéficier du remboursement de ses frais de campagne par l’Etat. Le parti doit donc élabo-rer un nouveau plan de financement, se basant peut-être essentiellement sur ses biens immobiliers. Au cours des 10 dernières années, le SZDSZ a été victime de tensions internes, démoralisé par des scandales permanents et des personnages douteux. Et il faudra encore du temps aux électeurs pour oublier les affaires entourant le BKV et les détournements de fonds présumés qui ont marqué le parti ces derniers temps.
Avec l’élimination du MDF et du SZDSZ du paysage politique hongrois, c’est la fin d’une époque. Les acteurs révolutionnistes du changement de régime ont accompli leur destin et doivent revoir leurs valeurs en interne afin de démissionner la tête haute ou de renaître avec la conscience tranquille.
Kata Bors