La dernière fée de Balzac
Livre
Rencontre avec André Lorant
André Lorant, universitaire et auteur de plusieurs ouvrages dédiés à Balzac, est venu à Budapest pour parler des premiers romans de Balzac et offrir généreusement sa collection de livres rares du grand romancier à la Bibliothèque universitaire d’ELTE. André Lorant est connu également pour son récit Le perroquet de Budapest. Une enfance revisitée.
« L’écriture autobiographique est avant tout une descente en soi ...» dit André Lorant dans son récit où le perroquet chante de sa voix éraillée le pardon et la réconciliation. Le perroquet vient d’une tapisserie faite par la mère de l’auteur. L’histoire moderne connaît des vagues d’exilés, avec leurs conséquences irrémédiables en terme d’identité et de mémoire. C’est douloureux mais André Lorant se doit de « rembobiner le fil de sa vie » et il le doit à ses lecteurs qui découvriront « le Monde d’hier » de la Hongrie.
Il s’émerveille quand il regarde le passage des saisons sur les arbres de l’esplanade des Invalides où il habite depuis plus d’un quart de siècle. C’est une sorte d’hymne qu’il écrit au pays qui l’a accueilli et où il s’épanouit – et il revit ses années de jeunesse en Hongrie, son pays natal, après des décennies de refoulement. Généreusement il me recommande un autre livre : le Bazar magyar de Viviane Chocas – jeune journaliste parisienne reconnue qui a dû «pour son bien» retrouver son identitée hongroise entièrement cachée par ses parents. Elle est de la famille, dans un sens plus large. C’est en effet une grande famille que forment les rescapés d’Europe Centrale et leurs descendants. C’est ce qui ressort du documentaire de Georges Zsiga Budapest étoilé où André Lorant, personnage éminent, figure.
André Lorant, l’érudit nous révèle un chapitre peu connu de l’oeuvre de Balzac. La Dernière fée ou la Nouvelle Lampe merveilleuse et une série de romans populaires furent édités sous les pseudonymes de Lord R’hoone et d’Horace de Saint-Aubin. C’est une ouverture sur la Comédie Humaine qui fait découvrir un nouveau Balzac avec des personnages romanesques. Avec ces romans, il sort de l’isolement et met en scène des passions interdites avec une modernité étonnante que les lecteurs de la collection « Bouquins » de Robert Laffont (l’édition des romans de jeunesse de Balzac dans la collection «Bouquins» est dirigée par André Lorant) apprécieront dès à présent à la Bibliothèque Universitaire de Budapest. Ces deux volumes parmi les 700 volumes balzaciens offerts par le professeur émérite de Paris XII, ouvriront de nouvelles voies dans les recherches des étudiants hongrois. On y découvre des raretés, des dédicaces dont celle de Lorant écrite au professeur Albert Gyergyai et que la commissaire de l’exposition Judit Kakasy nous explique. La présentation est à deux voix – alternant textes et commentaires avec Ildikó Lôrinszky de l’Université de Debrecen . Cette fête a été célébrée par le vice-recteur magnificus Csaba Borsodi, François Laquièze, directeur de l’Institut Français de Budapest et Vilmos Bárdosi, directeur de l’Institut des langues romanes. Ces livres retrouvent ainsi l’Université où Loránt Endre a fait ses études et a débuté comme jeune chercheur .
Éva Vámos
ELTE Egyetemi Könyvtár, 1053 Budapest, Ferenciek tere 6
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