Il était une fois un mur à Berlin…- la perspective hongroise
Spécial anniversaire : 1989, 20 ans après
Le 11 septembre 1989, la Hongrie ouvrait sa frontière à l’Ouest aux citoyens de la République Démocratique Allemande, ainsi les réfugiés allemands ont-ils eu la possibilité de quitter le bloc soviétique. Pourtant, cette décision avait déjà été prise de façon informelle au mois d’août.
L’ouverture de la frontière austro-hongroise puis la chute du mur de Berlin «ne pouvaient pas apparaître comme une surprise totale» à un observateur attentif, remarque l’historien Péter Kende. Les événements sont dûs à un processus continuel, «seule la soudaineté de l’événement pouvait étonner», ajoute-t-il. On pouvait alors théoriquement pressentir la fin du régime.
L’ouverture de la frontière était déjà dans l’air du temps durant l’été 1989. D’une part un certain soulagement politique s’était fait sentir depuis le milieu des années 1980 en Hongrie. Une petite phrase ironique illustrait très bien le visage du pays à l’époque : «Que l’on voyage de Moscou à Paris ou de Paris à Moscou et que l’on s’arrête à mi-chemin à Budapest, on peut croire être déjà arrivé».
Le travail des réformateurs a été couronné de succès en mai 1989 – le démantèlement du rideau de fer commence alors en Hongrie. A ce moment là, ni la RDA ni aucun autre pays du bloc de l’Est ne prête attention à ce geste. Mais dès le mois de juin 1989, près de 600 Allemands de l’Est ont pu partir pour l’Ouest à l’occasion du pique-nique paneuropéen, qui marque alors un véritable tournant dans l’histoire de cette année décisive.
Quelques mois plus tard – le 11 septembre – la frontière est officiellement ouverte. «Cette ouverture est un vrai succès pour les Hongrois et ce succès peut être attribué à plusieurs personnes» écrit Dr. András Oplatka dans un ouvrage dans lequel il parle des circonstances de l’ouverture de la frontière (lire notre précédente interview avec le Dr. András Oplatka dans le JFB n°286 ou sur www.jfb.hu).
Les Hongrois ont eu l’impression que le rideau de fer était tombé chez eux, même peut-être grâce à eux, ce dont ils étaient et restent très fiers. Et en effet, on ne peut remettre en cause le fait que la Hongrie ait joué un rôle important dans ces événement, pourtant, 20 ans après, l’histoire a construit sa propre légende et la chute du mur de Berlin en reste l’image et l’un des symboles les plus forts.
Quoiqu’il en soit, il est compliqué d’évoquer les sentiments des Hongrois lors de la chute du mur de Berlin car l’interprétation des faits semble devoir aujourd’hui être relue sous l’angle des tendances politiques actuelles. Mária Schmidt, directrice du Musée du Terreur et historienne de droite, a estimé en mai dernier que l’histoire du rideau de fer a connu une «fin heureuse». Mais cet optimisme n’est pas partagé par tous. Un sondage de Pew Global publié il y a quelques jours aux États-Unis mentionne qu’en 1991, 74% des Hongrois étaient favorables à un régime pluripartite. Selon le même sondage, la majorité des Hongrois regrettent aujourd’hui le rideau de fer.
Tímea Ocskai