Hungaro-baromètre
En tant que pays membre depuis presque deux ans, la Hongrie présente une image assez contradictoire s’agissant de la perception qu’ont ses citoyens de l’Union européenne. La majorité d’entre eux a confiance en l’Union et la considère comme un “phénomène” positif. Cependant, beaucoup jugent leur propre adhésion de façon sceptique. En effet, les Hongrois, dont seulement 39% disent être satisfaits de leur citoyenneté européenne, observent cette organisation à distance. Les sondages démontrent qu’ils s’intéressent peu aux affaires communautaires, car ils ont le sentiment de n’être encore que des observateurs extérieurs.
D’après une enquête de Szonda Ipsos effectuée en 2006, un tiers des Hongrois s’estime être bien informé sur les politiques européennes, tandis qu’un autre tiers reconnaît ne jamais aborder le sujet.
Et lorsqu’ils s’y intéressent ou cherchent à se renseigner, c’est surtout «la Hongrie en tant que membre de l’Union» qui les passionne, et ils n’ignorent pas le système des subventions européennes ni l’introduction de l’euro.
64% des Hongrois affirment qu’ils ne reçoivent pas assez d’informations sur la l’UE, et un Hongrois sur dix avoue ne pas même en chercher. Ils expliquent leur indifférence par le fait qu’ils considèrent les problèmes européens trop lointains et les décisions prises indépendamment de leur volonté.
Ce constat n’est pas si étonnant au vu des connaissances sur le fonctionnement général de l’Union européenne, sur lesquelles l’institut de recherche TÁRKI a interrogé les Hongrois lors de la fête du premier anniversaire de l’adhésion du pays, le 1er mai 2005. Si la majorité des personnes interrogées connaissaient assurément les symboles et le drapeau de l’Union, très peu en revanche avaient une connaissance pratique et concrète des institutions. Ainsi, 50% pensaient qu’ils n’avaient pas le droit d’élire directement les députés hongrois au Parlement européen. Cette méconnaissance s’est traduite dans le très faible chiffre de participation (38%) aux dernières élections européennes.
Par ailleurs, dans cette enquête, seulement un Hongrois sur quatre pouvait citer le nom du président actuel de la Commission européenne, et la plupart des personnes interrogées pensaient encore que seuls 22 pays membres constituaient l’Union. Ainsi, les Hongrois semblent partager l’avis de Jacques Delors qui a qualifié la communauté «d’objet non identifié».
Pour combler ce manque de connaissances, les Hongrois souhaiteraient plus d’émissions sur l’Union européenne à la télévision et plus de débats publics. Déjà deux cents personnes ont quotidiennement recours à la Ligne UE (EU Vonal), un service d’information gratuit sur les affaires de l’Union. En général ils posent des questions sur l’emploi, les vacances et le commerce en Europe, mais certains sont plutôt curieux des modalités d’importation de l’eau-de-vie hongroise en Espagne ou de la marche à suivre pour devenir masseur en Irlande.
Judit Zeisler
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