Histoire d’argent

Histoire d’argent

La culture c’est comme la confiture

 

De dîners en vernissages vous manquez parfois d’aplomb. Ingurgitez ces quelques noms et dates et usez avec parcimonie de votre culture toute fraîche. 

Ils arborent une couronne ou une moustache, ont l’air très sérieux et ont tous joué un rôle dans l’Histoire de la Hongrie. Qui sont ces hommes qui s’affichent sur nos billets de banque ?

 

20 000 ft

Ferenc Deák (1803-1876) Élu au Parlement hongrois à trente ans, il n’a de cesse durant ses deux mandats, 1833-1836 et 1839-1840, de revendiquer l’établissement légal de l’autonomie de la Hongrie au sein de l'Empire autrichien. Chef de file des nationalistes hongrois modérés, il participe à la première «phase» de la révolution de 1848 en tant que ministre de la justice sous le gouvernement de Lajos Batthyány. Mais, hostile à toute sécession violente, lorsque Lajos Kossuth tente d’obtenir l’indépendance par la force des armes, il se retire de la vie publique. En 1866, il revient sur le devant de la scène politique et joue un rôle essentiel dans la rédaction du texte final du compromis austro-hongrois de 1867 qui institue une double monarchie, autrichienne et hongroise. La Hongrie possède désormais un gouvernement indépendant et seuls les ministères des affaires étrangères, des finances et de la guerre sont communs avec l'Autriche. Malgré sa popularité, lorsque la présidence du Conseil du nouveau royaume de Hongrie lui est offerte, Ferenc Deák préfère retourner à sa vie privée. Il meurt en 1876.

10 000 ft

Szent István (v.970-1038). Il est encore dans le ventre de sa mère lorsqu’on le prédestine à une vie hors du commun. Sa mère Sarolta entend la voix d’un martyr lui souffler : « ton fils sera le premier à porter la couronne royale de Hongrie». Né vers 970 à Esztergom, il est en effet proclamé roi de Hongrie en l’An 1000, devenant ainsi le premier souverain chrétien du pays; c’est lui qui organisera un État fort et centralisé protégé par l’Église catholique. Sa priorité : l’unité de son peuple. Il établit une paix solide avec tous ses voisins et permet à la Hongrie d’être indépendante. Soucieux de faire régner l’ordre dans son royaume, il est à l’origine de lois très sévères contre le meurtre, le vol et l’adultère. C’est aussi un homme charitable qui n’hésite pas à se déguiser pour faire l’aumône aux pauvres. Sa fin de règne est pénible. De nombreuses querelles liées à son héritage et une santé fragile ont raison de lui. Il meurt en 1038. Il est canonisé en 1083.

5000 ft

István Széchenyi(1791-1860) Les Hongrois rendent encore hommage à cet homme d’Etat et écrivain visionnaire. Ses projets du Pont des Chaînes et de l’Académie des sciences de Budapest illustrent sa conception de la beauté. Mais le rôle du comte dans la vie économique du pays est tout aussi estimable : il lance les bateaux à vapeur sur le Danube et le lac Balaton, régule la navigation fluviale, développe le réseau ferroviaire. Mais il laisse aussi un trésor littéraire composé de trois volumes consacrés aux réformes indispensables pour que la Hongrie occupe une place centrale en Europe. En 1848, ses idées novatrices le propulsent au ministère des transports du premier gouvernement indépendant hongrois. Jusqu’à la fin de sa vie, en 1860, il ne cessera de façonner le Budapest d’aujourd’hui.

2000 ft

Gábor Bethlen (1580-1629). Membre d’une grande famille protestante hongroise, il fait appel aux Turcs en 1613, pour s’emparer du trône de Báthori Gábor, prince de Transylvanie. Victorieux, le nouveau prince participe à la guerre de Trente Ans aux côtés de la Bohême protestante, en révolte contre l’Empereur germanique Ferdinand II. En 1619, il conduit l’armée hongroise jusqu’aux portes de Vienne, capitale de Ferdinand II et devient roi de Hongrie en 1620. Mais, Ferdinand II ayant battu le roi de Bohême Frédéric V à la montagne Blanche, près de Prague, Bethlen fait la paix avec l’Empereur et renonce à son titre de roi de Hongrie l’année suivante. Mais, ce que l’on retiendra de son histoire c’est son dévouement envers son pays puisqu’il fera de la Transylvanie un centre de la culture et du patriotisme hongrois.

1000 ft

Corvin Mátyás (v.1440-1490). Son père, le Roi Hunyadi János, arrête la première avancée des Turcs en 1456 à Nándorfehérvar (aujourd’hui Belgrade). Couronné en 1458, en digne héritier de son père, il se dévoue entièrement à la Hongrie qui connaît sous son règne une des périodes les plus fastes tant sur le plan politique qu’artistique. Favorisant la diffusion de la Renaisance italienne dans son royaume, il parvient à élever Buda au rang de capitale intellectuelle et artistique de l’Europe centrale.

500 ft

Ferenc Rákóczi II (1676-1735) Fils du Prince de Hongrie du même nom, il est élevé par des jésuites en Bohème, avant de revenir en Hongrie en 1694. Conspirant très jeune contre l’autorité des Habsbourg, il profite de l’engagement de l’Autriche dans la guerre de succession d’Espagne pour encourager un nouveau soulèvement contre le pouvoir autrichien. Proclamé régent de Hongrie en 1705, soutenu par la France, Rákóczi organise un gouvernement provisoire et tient les Autrichiens en échec jusqu’en 1708. Mais en 1711 lorsque l’Empereur Charles VI propose une amnistie générale et une liberté religieuse, il refuse de lui prêter serment et perd son titre. Il est contraint de s’exiler. Lorsqu’il meurt, en 1735, les relations entre les Habsbourg et leurs sujets hongrois s’apaisent et ce, pour plus d’un siècle.

200 ft

Károly Robert (1288-1342) Évincé du trône par son oncle Robert, à la mort de Charles II d’Anjou, il tente de faire valoir ses droits avec l’appui du pape qui, trop impopulaire, le dessert. Mais, en 1308, les États de Hongrie l’élisent tout de même à la tête du pays.

Pourchassé, en 1330, par un dignitaire d’une principauté voisine (la Valachie) qui veut le destituer, il disparaît un certain temps avant de revenir plus déterminé que jamais à se défaire de ses ennemis. Enchaînant les victoires, il fait de la Hongrie un pays rayonnant, ne cessant d’agrandir le royaume. Ainsi, à la fin de son règne, en 1342, contrôle-t-il la Dalmatie, la Croatie et la Serbie.

O.E

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