Grands photographes hongrois

Grands photographes hongrois

Des photographies bouleversantes des plus grands maîtres sont exposées pour la première fois au Musée des beaux-arts de Budapest. Une exposition de grande envergure où tout le 20e siècle défile à travers les images issues de collections célèbres de tous les continents.

 

L’écrivain hongrois Tibor Déry vu par le grand photographe français Henri Cartier-Bresson ou bien Ingrid Bergman sous le regard de son amoureux, le célèbre photographe Robert Capa ou le couple Frida Kahlo et Diego Rivera pris par Martin Munkácsi au Mexique. Autant de récits dans les vagues de l’histoire et de témoignages de la révolution dans l’oeil par Rodtschenko. On expose les photos de Man Ray jusqu’ à celles de Robert Mapplethorpe. Images des événements les plus marquants du siècle dans une salle comme les moments essentiels de l’existence – comme le résume Péter Baki, commissaire de l’exposition. Ensuite il y a un questionnement autour du corps comme matériau – avec souvent de très beaux nus. Plus loin dans la salle dédiée au sujet des guerres et destructions apparaît l’image icône La mort du milicien, milicien espagnol frappé par une balle en 1936, de Robert Capa, mais aussi Hirosima de Helmut Newton. Hirosima est évoqué également par Werner Bischof qui faisait partie des fondateurs de l’Agence Magnum avec Capa et Cartier Bresson . Ils ont parcouru le monde, ils ont couvert tour à tour la guerre d’Espagne, la libération de Paris ou la guerre en Indochine. Robert Capa est né à Budapest. Agé de 25 ans il est devenu le plus grand photographe de guerre et aussi le plus humaniste. C’est Capa qui a eu l’idée le premier de fonder l’Agence Magnum pour tenir plus facilement tête aux grands patrons de presse en gardant la propriété des négatifs des photographes. On a réuni au Musée aussi quelques photos de son frère Cornell Capa et celles de sa compagne Gerda Taro morte tragiquement pendant la guerre d’Espagne. On voit également une des dernières photos de Werner Bischof prise au Pérou à côté de la Mine d’or prise par le Brésilien Sebastiao Salgado. On voit la souffrance, la misère dans ces chefs-d’oeuvre de la photographie sociale d’une puissance rare. Ce volet est complété par des photos émouvantes de photographes hongroises comme la petite fille aveugle de Mariann Reismann, écoutant le sable ou bien Debrecen de Lenke Szilágyi.

La photographie hongroise a de grands atouts : les artistes de l’entre-deux-guerres, souvent émigrés à Berlin, à Paris et aux Amériques sont devenus célèbres. Ils font la fierté de grands musées comme le Centre Pompidou ou le MOMA de New York. Dernièrement le Musée Guggenheim a fait une belle présentation des photos de l’Europe centrale. Ces artistes ont fait heureusement aussi d’importantes donations au Musée hongrois de la photographie à Kecskemét. De là, grâce aux efforts déployés par Károly Kincses, ancien directeur du Musée, plusieurs expositions ont mis en valeur ces oeuvres ensemble avec les photographes restés en Hongrie et ainsi peu connus en dehors du pays. Du vivant de Roger Pic le Musée Montparnasse a accueilli une exposition remarquable. Une idée reprise en Hongrie à travers plusieurs expositions jusqu’à la présente. Une sorte de dialogue s’engage entre les photogrammes de Moholy-Nagy et Kepes et ceux de Nándor Bárány. Le photogramme, c’était «peindre avec la lumière», mais Moholy voulait aller plus loin en intégrant le temps, les déplacements, le pluridimensionnel, pour que l’oeuvre d’art soit l’une des voies qui mène à l’homme nouveau. Heureuse coïncidence : il y a une exposition dédiée à Moholy-Nagy à Budapest à la Galerie Nationale.

On voit également des célébrités comme Chagall au sein de sa famille dans une ambiance harmonieuse pris par un photographe non moins célèbre, André Kertész. Sur une autre photo emblématique de Kertész les enfants émerveillés regardent l’appareil photo du professionnel. Regroupés autour de six thèmes on découvre certaines ressemblances. Des enfants qui se baignent pris par Tina Modotti ou par Brassai – le temps suspendu dans les vagues et la lumière. On remarque une belle photo prise par Martin Munkácsi au bord d’un lac en Afrique qui a déclenché en Brassai le photographe. Ce panorama est complété par une autre exposition de très belles photos de femmes éblouissantes de six grands photographes hongrois ou d’origine hongroise, à commencer par Kertész dans une nouvelle galerie, à l’entrée du Gozsdu udvar.

Éva Vámos

Musée des beaux-arts,

Hôsök tere, tous les jours

de 10h à 18h sauf le lundi.

 

Catégorie