Grandeur & décadence
Dénouement du feuilleton Pál Schmitt
"Cette conclusion finale est une réhabilitation pour moi" – avait déclaré Pál Schmitt, Président de la Hongrie. Cette réaction, en réponse au rapport du comité, faisait suite aux accusations de plagiat dont on l’a accusé sur sa thèse de doctorat.
La suite du scandale rejaillit en janvier dernier, pour rappel, une grande partie de la thèse de Pál Schmitt est présentée comme une copie mot pour mot de recherches d’autrui. Après avoir examiné cette affaire, la commission a rendu son rapport, qui a été publié le 27 mars dernier. D’après celle-ci, la majorité de sa thèse est une traduction au pied de la lettre qui, de plus, n’indique pas correctement ses sources. En revanche, les membres du comité ont consenti, que sa thèse était conforme aux pratiques de rédaction de l’université de l’époque. Or, il s’agissait de l’Université autonome d’Académie des Sciences qui est actuellement regroupée avec l’Université SOTE (médecine). Le rapport a également mentionné que l’Université n’avait pas rendu compte en intégralité de l’examen du doctorat, ainsi que de ses documents annexes.
L’Université SOTE a donc envoyé ce rapport à Miklós Réthelyi, ministre des Ressources Nationales, notamment responsable pour destituer une personne de son doctorat. Il pouvait donc dors et déjà statuer sur la validité de la thèse du Président Pál Schmitt. Néanmoins, il n’a pas pris de décision et a renvoyé le rapport à l’Université, en évoquant une certaine incompétence. La décision finale est donc revenue à l’Université SOTE qui a rendu son verdict ce jeudi 29 avril, et l’a déchu de son titre de doctorat.
Pál Schmitt est rentré dans la nuit du jeudi après une visite officielle en Corée du Sud. Vendredi matin, il a annulé tous ses programmes, et a donné une interview pour la chaine de télévision publique. Dans cette interview, il a déclaré qu'il ne démissionnait pas, et a incriminé l'Université d'avoir pris une décision, sans l'avoir écouté. Il a annoncé qu'il était prêt à écrire un nouveau PhD, pour tenir la promesse faite à sa mère.
Lors de la publication de ce rapport les réactions avaient fusé, en sa faveur et son encontre! Le LMP a organisé un flash mob sur la Place Kossuth, et les activistes du HaHa (réseau d’étudiants contestataires) ont initié un "sitting" dans le rectorat de SOTE. La presse internationale avait déclaré qu'il devait démissionner de son poste de Président, à l’image du quotidien Magyar Nemzet (pro-gouvernemental) qui annonçait que "le plus tôt serait le mieux". En revanche, le Jobbik a déclaré que le rapport était ridicule, et une partie des membres du Fidesz, à l'image de Viktor Orbán disait "ne pas avoir peur pour M. Schmitt".
D'autre part, le recteur de l'Université de SOTE, Tivadar Tulassay, a donné sa démission dimanche dernier. Ce geste conforte le peu de soutien qui lui a été apporté. Symbole malheureux, son départ intervient un 1er avril...
Enfin, la nouvelle est tombée le lendemain, lundi 2 avril: Pál Schmitt a donné sa démission au Parlement, en déclarant: «Dans l'intérêt de la Hongrie et de l'unité de la nation, je donne ma démission». Néanmoins, il a décidé de porter l'affaire de sa thèse devant les tribunaux.
Le Parlement a accepté sa requête et nommé provisoirement, comme il est prévu pour ce genre de situation, le Président du Parlement, László Kövér (fondateur du FIDESZ). Le Parlement a 30 jours pour élire un nouveau président.
* Terme anglophone pour désigner un doctorat
Rita Szabó