Gestes Fransformateurs

Gestes Fransformateurs

Une forte proportion de productions venant de pays francophones n’est pas une nouveauté au Trafó – comme si les artistes anarchistes français ayant occupé le bâtiment pendant quelques mois au début des années 1990 y avaient laissé leur testament. Cette saison est également très riche en artistes qui, sans toutefois se servir de la matière verbale, représentent la francophonie. En voici un échantillon jusqu’en décembre.

 

Du 10 au 12 septembre, la Compagnie du chorégraphe hongrois vivant à Paris, Pál Frenák, donne en reprise Instinct représenté en novembre dernier. Les danseurs de Frenák excellent par la cruauté et la crudité de leur gestuelle, dans une chorégraphie qui est loin de vouloir éviter les tabous entourant le corps humain. La scénographie suffit pour comprendre l’impossibilité non seulement de vaincre la distance, mais aussi et plutôt de traverser le gouffre et escalader le rocher qui nous sépare les uns des autres. Les symboles de Frenák ne sont pas équivoques, et tant mieux.

Instinct sera suivi d’une nouvelle première le 12 décembre (suivie de quatre représentations jusqu’au 16) avec InTimE. Il semble que Frenák ne laisse rien au hasard, le titre est déjà très révélateur. Le chorégraphe et les cinq danseurs sur scène interrogeront l’intimité de nos relations, dans l’espace et dans le temps, sur un tapis de danse blanc couvert de roses rouges. L’esthétisme mis à nu.

Le 25 septembre, la saison circassienne commence, étant donné que le Trafó participe au projet européen Circle Around ayant pour objectif de faire connaître en Europe la diversité de ce genre théâtral dédié au mouvement. Gaï-Kotsu (Squelette), du Japonais Keisuke Kanaï, s’annonce un très bel aveu sur le corps humain dans un jeu d’ombre et de lumière, basé sur les techniques des danses traditionnelles du Japon, telles que le butô. (Jusqu’au 27 septembre).

Les 26 et 27 octobre, Jani Nuutinen représentera à la fois la Finlande et la France sur la scène arrondie de l’ancienne maison du transformateur, avec Un cirque plus juste. La spécificité de ce «cirque d’objets» est à chercher dans la simplicité des moyens : ce jongleur ordinaire transforme les accessoires quotidiens qui nous entourent en objets magiques extraordinaires.

Fin novembre, du 28 au 30, Eric Lecomte viendra conquérir les sphères les plus élevées de la salle, avec sa virtuosité aérienne mêlant aussi danse, jeux d’objets et images projetées, dans un spectacle d’une beauté poétique et poignante, rappelant le monde animal des rives de l’Amazone. 9.81 prouve que même les lois de la pesanteur peuvent être contrariées.

Le mois d’octobre ne manquera pas non plus de grands moments théâtraux: dans le cadre du Festival d’Automne de Budapest, le Trafó accueillera la compagnie du chorégraphe hongrois de Voïvodine, József Nadj, directeur artistique du Centre Chorégraphique National d’Orléans. Entracte s’inspire de la sagesse chinoise, le Yi King fournit la base structurelle et poétique de la création qui réunit, au-delà des quatre danseurs, quatre musiciens sur la scène, avec en tête le saxophoniste (également hongrois) Ákos Szelevényi.

A suivre.

Sophie Lemeunier

 

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