Film francophone : des Journées très réussies !

La 6ème édition des Journées du film francophone ont débuté le 26 février à Budapest et se déroulent jusqu’au 2 avril dans les grandes villes de Hongrie. Cette année encore, la programmation étonne par sa richesse : comédies drame et documentaires se croisent. Nous avons sélectionné pour vous deux films emblématiques. D’un côté, l’éthiopien Lamb. De l’autre, « Les Saisons ».

Lamb retrace les aventures d’une amitié peu ordinaire : celle d’une brebis et d’un petit enfant. Les saisons, quant à lui, est un documentaire qui nous convie à un formidable voyage à travers le temps pour redécouvrir ces territoires européens que nous partageons avec les animaux sauvages depuis la dernière ère glaciaire à nos jours.

Dans ce nouvel environnement, Ephraïm a le mal du pays. Son oncle lui ordonne d’abattre sa brebis pour une fête à venir. Il élabore alors un stratagème pour sauver Chuni et retourner chez lui. Dès le début, on voit la laine d’un mouton roux qui s’entremêle avec la main d’un petit enfant : le lien étroit paraît donc évident entre les deux, une amitié dépassant les clichés.

Submergé par la pauvreté et la famine qui englobent l’Ethiopie, Ephraïm doit échapper à tous les subterfuges de sa famille pour garder en vie sa meilleure amie, la brebis, qui doit être cuisinée dans le cadre d’un rituel. A travers toutes ses aventures, on découvre la personnalité du jeune garçon et le mal de vivre dans la « ceinture de la faim ».

Les sublimes images du film nous montrent l’immensité et la beauté des paysages que recèle l’Ethiopie. En parallèle, la solitude de l’enfant et la sombre vérité de cette zone dévoilent une faiblesse de niveau de vie hallucinante. Le réalisateur, Yared Zeleke, réussit à nous immerger dans le quotidien de l’Ethiopie, à mille lieux de nos habitudes occidentales.

La différence entre savoir et voir est grande. La réalité dérange, surtout pour nous, calés dans notre confort quotidien. Loin de tout voyeurisme, cette œuvre nous expose aussi la capacité d’adaptation et les moments de bonheur des éthiopiens, sans futilité ni superficialité : un bon repas, de la musique et des danses. "Des choses simples" que la course à la modernité éclipse. Lamb est un film rempli de messages : politique, sociétal et historique. Il nous permet le temps de quelques heures de nous plonger dans une autre réalité : la différence entre les pays demeure palpable.

Nourriture(s) et combat(s)

Les saisons promeut une morale semblable : des images sur des faits connus, sans jugement, mais pas sans indifférence ... Connu pour ses nombreux films autour de la nature (Le peuple migrateur ou encore Océans), Jacques Cluzaud nous plonge dans l’évolution de la nature du continent européen avec Jacques Perrin.

Dès les premières minutes, les glaciers envahissent l’écran : « L’hiver durait depuis 80 000 ans lorsque, en un temps très bref, une forêt immense recouvre tout le continent. Une nouvelle configuration planétaire et tout est bouleversé. Le cycle se met en place, le paysage se métamorphose, la faune et la flore évoluent. » Les saisons telles que nous les connaissons en découlent.

Ce documentaire évoque l’appropriation de la nature par les hommes à travers le regard des animaux. Le film nous permet donc de nous insérer dans leur quotidien : des repas aux scènes de combats, rien n’est laissé de côté. La fluidité et la liberté de réalisation des « Saisons » transportent le spectateur durant toute la projection. On se laisse volontiers guider par tant d’aisance et les mammifères évoluant dans leur habitat émeuvent par leur insouciance.

Cette projection ne laisse pas indifférent, tant par sa beauté que par sa philosophie et sa simplicité. Des images et une discrète voix off. Les saisons nous rappelle surtout à quelle point la nature est belle.

Une morale peut-elle en ressortir ? Libre à nous d'y méditer...

Egline Calmels