Festival: Je suis Rom
Une vraie thérapie culturelle attend le public du festival de printemps cette année. Outre des programmes consacrés au Danemark, à Chopin et au compositeur de l’hymne national hongrois, Ferenc Erkel, d’autres ont trait à la plus importante des minorités hongroises avec une série de programmes intitulés «Je suis Rom». Il était temps car, jusqu’à présent, l’offre culturelle liée à la culture rome durant ce festival se limitait en général aux célèbres 100 violonistes tziganes. Ils monteront évidemment sur scène cette année encore, cependant un vaste pan inconnu de la culture tzigane sera également présenté dans le cadre de cette série. «Je suis Rom» a le mérite de lutter contre certaines mauvaises représentations de l’art tzigane, contrebalancées par des programmes contemporains et des créateurs moins connus du grand public.
C'est le cas de l’artiste peintre Mara Oláh, qui n’a commencé à dessiner qu’à 43 ans en guise de traitement contre les douleurs que lui infligeait un cancer. En quelques années elle est devenu la figure la plus marquante de la peinture tzigane contemporaine avec ses portraits et ses compositions, mêlant image et texte, qui rappellent l’univers de la bande dessinée et évoquent la vie quotidienne des tziganes de Hongrie. Comme la plupart des artistes autodidactes, son art se caractérise également par une forte subjectivité. Une exposition au Salon Karinthy présente ses œuvres les plus récentes à partir du 24 mars.
Rodrigó Balogh créée quant à lui des spectacles destinés à panser les plaies des conflits sociaux. C’est la raison pour laquelle ce jeune acteur et metteur en scène a choisi de créer un nouveau genre, le “théâtre de la tolérance”, qui aborde des thématiques propres à susciter la réflexion des spectateurs sur ces question d'actualité. Sa dernière pièce, sur l’histoire d’un garçon bosniaque, Mirad, qui doit quitter sa maison à cause de la guerre en ex-Yougouslavie, lui a vallu le prix “Menedék” (asile) de l’ONU en Hongrie. Le Plumage, sa nouvelle pièce au Studio Arizóna du Théâtre Thália, évoque la récente vague d’assassinats de Roms en Hongrie à travers la journée de cinq jeunes Tziganes. L’œuvres du jeune photographe András D. Hajdú complète bien cette histoire tragique avec sa série Un village sans espoir également au Théâtre Thália.
Quant au seul programme musical de la série, il n’enrichit pas non plus les stéréotypes sur la culture tzigane. Un orchestre de chambre rom virtuose, fondé par deux musiciens diplômés à l’Académie de Musique hongroise, interprète les œuvres majeures du répertoire musical classique. Ainsi les violonistes Ernő Kállai et Mátyás Boros joueront-ils entre autre des concertos de Bach.
Judit Zeisler
Mara Oláh: Scènes de vie romes
Salon Karinthy (Karinthy Frigyes út 22, XIe arrt.)
Du 24 mars au 17 avril
Rodrigó Balogh: Plumage
Théâtre Thália (Nagymezô u. 22-24., VIe arrt.)
Le 2 avril, 20:00
András D. Hajdú: Le quotidien d’un village sans espoir
Théâtre Thália (Nagymező u. 24., VIe arrt.)
Du 19 mars au 5 avril
Orchestre de Chambre Rom
Cinéma National Uránia (Rákóczi út 21, VIIIe arrt.)
Le 24 mars, 19:30