Exposition: Anikó Zöld
L’exposition d’Anikó Zöld nous propose le grand héritage culturel européen sous le regard d’une peintre contemporaine. Du Mexique à Saint-Paul de Vence, ses oeuvres ont voyagé autour du monde et, ce printemps, elles arrivent dans sa galerie, à Budapest : c’est un peu chez elle, la galerie des peintres associés de la Cité de Pest dont elle est membre fondatrice. Cette galerie était l’une des premières à coopérer avec des artistes parisiens. C’est à cette époque que j’ai découvert les peintures d’Anikó Zöld et celles de Pascale Courbot-Lehalle à la galerie Nádor en plein coeur de Pest.
Dix ans se sont écoulés et la galerie présente justement une retrospective des dix dernières années de travail de l’artiste. A cette occasion, un très beau catalogue bilingue avec une cinquantaine d’images a été publié, certaines images inspirées par son passage en Corinthe. L’art de la Grèce antique l’a profondément marqué, mais son oeuvre est exempte de tout naturalisme. Elle va parfois jusqu’aux limites de l’art figuratif comme l’a remarqué le critique d’art Balázs Feledy. Les célèbres colonnes du Temple d’Apollon et l’image d’Aphrodite surgissent dans une athmosphère évanescente. C’est l’univers des songes, composé de couleurs et lumières très douces. Certaines oeuvres nous donnent l’impression de collages, grâce à l’utilisation de nouvelles techniques numériques, comme celles qui rappellent le temps des étrusques – l’attrait de la Méditerrané est perceptible. Dans d’autres tableaux, les Cariatides de l’Acropole apparaissent. Anikó Zöld y tient beaucoup – elle a refait tout le chemin conduisant à Athènes pour voir enfin les Cariatides libérées des échafaudages . L’évocation de l’art gréco-romain devient symbolique dans ses toiles, à la recherche d’une beauté éternelle et d’une richesse spirituelle. Elle ne cherche jamais le spectaculaire, mais les raisons profondes de notre existence - comme l’a évoqué le dramaturge Károly Szakonyi en parlant de cette artiste qui peint au-dessus des toits de la ville. Elle a longtemps travaillé en effet dans son atelier en haut d’une tour, lieu de visite de certaines célébrités (le dramaturge, René de Obaldia, s’y est rendu après sa première au Théâtre Víg à Budapest avec l’écrivain et journaliste francophone, André Lazar). C’est à cette période qu’elle a dédié un tableau aux nénuphares de Monet. On remarquera son autoportrait – une lampe repose sur sa tête – mais son visage reste à l’ombre, peut être comme elle même qui se cache derrière ses oeuvres. Son archéologie lyrique -avec des colonnes qui se prolongent en colonnes de lumière - rappelle l’ambiance des cathédrales gothiques et la musique de Bach – comme l’indique Lajos Szakolczay dans le nouveau catalogue. Nous retrouvons ses oeuvres à la Galerie Nationale et dans d’autres musées et sa collection privée en Hongrie et dans d’autres pays.
Éva Vámos
Exposition de Anikó Zöld : Galerie Nádor - vernissage le 27 april à 18h00
József nádor tér 7-8 , Budapest, 5e arr., ouvert jusqu’au 10 mai de mardi à vendredi de 10h00 à 18h00
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