EXPO: Philippe Brame
Si Philippe Brame, le photographe français, connaît de mieux en mieux la Hongrie, son nom et son art sont de plus en plus connus des Hongrois également. Il est arrivé ici pour la première fois il y a 20 ans, et revient régulièrement pour visiter ses amis, pour exposer et pour enseigner la photographie. Ses expositions précédentes étaient centrées sur le vivant, que ce soit la nature ou le corps humain, mais ce nouvel opus, présenté à la Pintér Szonja Kortárs Galéria, présente une grande variété de ses clichés, illustrant les thèmes majeurs de son œuvre pendant ces dernières années.
L’importance de ses amitiés se manifeste également dans cette exposition. En entrant nous découvrons quelques photos prises en Hongrie, comme le sourire caché d’une fillette qui joue dans la rue. Ce contraste de la lumière et de l’ombre, qui dissimule tout en donnant à voir l’expression du visage, a été utilisé par Lucien Hervé. Le grand photographe a suivi l’œuvre de Philippe Brame pendant 10 ans et ses conseils, ses propositions, peuvent être décelés dans le cadrage et les compositions de l’artiste. D’ailleurs l’exposition est comme un hommage à son maître de la part du jeune photographe, qui a visité l’église de Vézelay et celle de Ronchamp, œuvres de Le Corbusier qui constituent le noyau de l'art du grand photographe. Il les a photographiés aux solstices d’été et d’hiver, quand ils atteignent toute leur gloire dans cette lumière extraordinaire. Ses photos noir et blanc, et quelquefois en couleurs, se concentrent sur les surfaces, sur les tons sensibles. La vision devient expérience amplifiée, une méditation sur les matériaux, qui acquièrent une qualité plus grande et plus profonde.
Le deuxième grand groupe de photos attend le visiteur avec des réalités qui ne peuvent être découvertes que par un regard approfondi et tranquille. L’artiste a créé une installation ludique, une série de gros plans rangés dans un ordre dynamique où ces formes humaines, ces mouvements courts parviennent à dessiner des vagues devant nos yeux. Plus tard on revoit ces fragments agrandis, mais cette fois leur rythme ralentit et la peau enveloppe les os comme un voile tendre et doux.
La même salle invite les visiteurs à faire une expérience de la nature. L’arbre et l’eau. Ses images vives et vibrantes expriment la liberté des formes, et les émotions provoquées par les œuvres permettent de ressentir une foi qui s’incarne dans l’amour des formes et des matériaux.
Ces photos, fragments de formes organiques ou créées par l’homme, donnent la preuve que leur auteur regarde les matériaux pour trouver leur message, la lumière qui leur donne la vie. Chaque photo recouvre une relation personnelle, et le photographe nous invite à le suivre là où il a découvert la lumière. Il a appris de son maître, Lucien Hervé, que l’important n’est pas la représentation extérieure, mais plutôt la perception intérieure, et que la composition est souvent plus parlante en ne montrant que des détails.
Ses images silencieuses et sensibles accompagnent longtemps le visiteur…
Imola Gebauer et Jean-Luc Desjardins
Du 12 mars au 11 avril
Pintér Szonja Kortárs Galéria - Budapest, Falk Miksa u. 10
Du lun. au ven. de 10:00 à 18:00, sam de 10:00 à 14:00
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