EXPO: Mi Vida
MI VIDA, ma vie - du paradis à l’enfer - c’est le titre d’une nouvelle exposition de grande envergure au Mûcsarnok à Budapest. Les œuvres proviennent du MUSAC (Musée d’art Moderne de Castille et Léon). A l’entrée, une installation surprenante de Pipilotti Rist sur un nouveau paradis profondément marqué par un sentiment d'hédonisme - les visiteurs s’installent sur des matelas et contemplent ce paradis hypothétique où figurent deux Eve et où les enfants sont souvent violents. Les belles nues sur l’herbe projetées au plafond nous introduisent avec délices dans un monde magique.
Nous avons rencontré le directeur du MUSAC, Augustino Perez Rubio, commissaire de l’exposition venu spécialement pour le vernissage à Budapest. Avec Zsolt Petrányi, directeur du Mûcsarnok et son équipe, ils ont adapté cette exposition aux besoins du musée. Heureuse rencontre car les Espagnols ont retrouvé les mêmes grands espaces à Budapest. Le MUSAC a été inauguré en 2005 et a révolutionné depuis le climat de cette ancienne capitale du royaume de Castille. Il dispose depuis 1989 d'une très grande collection d’art contemporain et d'un centre de documentation devenu lieu de rencontres des intellectuels. Il souhaite surtout ne pas «singer» ou imiter d’autres musées d’art moderne et réunit des objets d’art les plus hétéroclytes et représentatifs des dernières décennies, provenant du monde entier, de l'Australie au Japon.
Tout comme à Léon, Augustino Perez Rubio et son équipe ont cherché à recréer à Budapest un dialogue entre le public et les créations. Un rapport à la fois ludique et ô combien agréable. Voyez un peu ces images du nouveau réalisme, avec des fruits, des natures mortes, ou d'autres évoquant le voyage et les couples amoureux. On retrouve également un univers féminin de fiction, en particulier chez Carméla Garcia, et les stars hollywoodiennes dans leur rôle de mère, une documentation réunie par Candice Breity qui nous mène vers d’autres horizons plus problématiques, comme dans le cas du dessin animé numérique du japonais Tabaimo. Cette œuvre nous confronte à la mort: les tatouages de pétales de fleurs tombent peu à peu du corps du nu, jusqu’à l’anéantissement.
On redécouvre également l’Epopée érotique des Balkans de Marina Abramovic, contre la violence et pour la défense des droits de femmes. Sans oublier la Burka de Johana Vasconcelos qui a fait scandale puisqu'elle représente l’exécution d’une poupée en burka. Violence et crimes de famille sont également évoqués à travers les images grotesques d’Enrique Marti.
A ces images de l'enfer s’ajoutent d'autres représentations tragiques des conflits et des guerres: Angel de la Rubia retrace ainsi certains moments forts de la guerre d’Espagne jusqu’aux récents événements de Bosnie et Luc Delahay envoie une série d’images depuis Kaboul.
Mais il y a surtout cet immense terrain, ce champ de bataille en maquette de Thomas Hirschhorn : des chemins qui mènent vers la mort, vers l’anéantissement. Tous les conflits y sont représentés en carton brûlé et plastique fondu. Mais une lueur d’espoir brille malgré tout à travers ces œuvres puisque ces artistes œuvrent à sauver l’humanité par des images fortes et révélatrices.
Éva Vámos
Exposition Mi vida
Mûcsarnok (Hôsök tere)
Ouvert tlj sauf le lundi de 10:00 à 18:00, le jeudi de 12:00 à 20:00
Jusqu’au 17 mai.
Éva Vámos