EXPO: Lucien Hervé
Lucien Hervé (né László Elkán) fait partie des grands photographes hongrois mais, en dehors des spécialistes, il n’est pas encore vraiment reconnu dans sa patrie. En 2010 nous célébrons le 100e anniversaire de la naissance de l’artiste, disparu en 2007, à l’âge de 97 ans. L’exposition dans le cadre du Mois de la Photo au Musée des Beaux-Arts, intitulée Lucien Hervé 100, sera sa première rétrospective à Budapest. C’est également l’occasion, pour ce grand musée d’enrichir ses collections permanentes.
Il ne fut pas le seul à quitter le pays entre les deux guerres, mais lui, il est parti à Paris pour y trouver la liberté de la pensée et l’indépendance vis-à-vis des conventions et des faux-semblants. Certes il était attiré par l’art, mais son destin de photographe est né au hasard des rencontres et des occasions.
Lucien Hervé est surtout connu comme un photographe d’architecture, et particulièrement de celle de Le Corbusier. Néanmoins, il s’est battu contre cette aspect réducteur en disant qu’à travers son art, l’architecture parle de l’homme, même s’il n’est pas toujours présent. Ses compositions équilibrées en contrastes d’ombre et de lumière sont rigoureuses – il a régulièrement re-découpé ses photos pour les débarrasser de tout ce qui était «inutile». Elles guident le spectateur, partant des détails pour tendre vers le tout: quand elles montrent un bâtiment, leur auteur parle de l’architecture, quand elles montrent un personnage, il représente l’humanité.
L’exposition du Musée des Beaux-Arts organise les œuvres de manière thématique. Les premières photos prises entre 1938 et 1949, les images de la Tour Eiffel et celles de la série PSQF (Paris Sans Quitter Ma Fenêtre), soulignent que l’homme et son environnement urbain ne peuvent pas être séparés l’un de l’autre. Une autre série illustre la collaboration avec Le Corbusier et nous y retrouvons les photos les plus célèbres de l’artiste. Les autres clichés d’architecture moderne ou ancienne nous font découvrir toutes les résonances internes à cet art, quels que soient l’époque ou le pays dans lesquels il s’est manifesté. L’exposition présente dans une autre unité les photos abstraites de Lucien Hervé, qui furent publiées dans l’ouvrage Le beau court la rue (1970). Les photos tardives de la série L’Appartement – inconnues en Hongrie – témoignent de la continuité de ses activités artistiques et de la permanence de ses principes si caractéristiques.
Lucien Hervé a reçu de nombreux prix et distinctions. Ses œuvres sont présentes dans de grands musées à travers le monde: actuellement, dans le cadre du centenaire de Lucien Hervé, le Centre Pompidou expose ses œuvres en tant que nouvelles acquisitions. L’Association des Photographes Hongrois et la Société de l’Histoire de la Photographie Hongroise avec la ville de Hódmezôvásárhely organisent également une exposition pour cet illustre natif de la ville. Les célébrations seront clôturées en novembre par l’attribution du Prix Lucien et Rodolf Hervé.
Imola Gebauer
Lucien Hervé 100
Du 28 octobre au 23 janvier 2011
Musée des Beaux-Arts
XIVe arrt. Dózsa György út 41