Expo: Les tapisseries de Gabriella Hajnal

Expo: Les tapisseries de Gabriella Hajnal

Le Jardin d’Eden tissé de couleurs éclatantes nous accueille dans la grande rétrospective de Gabriella Hajnal. L’artiste s’exprime dans tous les registres de l’art de la tapisserie. Grâce à son ironie et son sens de l’humour elle a su réinventer cet art ancien et traditionnel. C’est une belle occasion de voir l’évolution de son oeuvre au château de Gödöll_ à proximité de Budapest. Ce château du XVIIIe siècle redevient en effet célèbre grâce à ses expositions, son théâtre baroque, son jardin et le souvenir de ses hôtes d’autrefois, notamment l’impératrice Elisabeth, alias Sissi.

Une joie de vivre dans un univers panthéiste. Des êtres humains entourés de plantes et d’oiseaux au jardin d’Eden - c’était à ses débuts. Les plus belles tapisseries de Gabriella Hajnal sont rassemblées dans un seul et grand espace de l’ancien manège. Nous retrouvons des oeuvres tissées dans la pure tradition ancienne et, au fil des années, nous arrivons aux inventions qui sont à la limite de l’art de la tapisserie. Gabriella Hajnal surprenait déjà les visiteurs des expositions collectives auxquelles elle participait dans les années 1970, notamment lorsqu’elle a placé sur un socle une énorme chaussette de 4 mètres de haut soigneusement tricotée - la tapisserie tend vers son extrême et devient sculpture - ou alors ses gants de boxe qui luttent constamment.

On voit le défilé des oeuvres de toutes ses périodes: les jardins idylliques inspirés du folklore hongrois mais aussi son Text–île – une île de textes: des paroles de Salomon. Ensuite, la légende de Saint François tissée avec humour entre des cages d’oiseaux vides. Puis Jonas au fond de la baleine et Icare avec une femme nue sur les ailes. Pourtant Gabriella Hajnal a étudié la peinture aux Beaux Arts de Budapest avant de se pencher sur ses premiers canevas. Diplômée en 1957 elle remporte tout de suite un premier prix dans la tapisserie et elle s’engage définitivement dans cette voie. Paradoxalement c’est grâce à la tapisserie qu’elle a pu s’exprimer beaucoup plus librement que d’autres artistes tout au long de sa carrière – comme l’évoque Péter Fitz dans son essai. Lui et le professeur Sándor Radnóti – ce dernier a inauguré l’exposition – sont unanimes : les oeuvres de Gabriella Hajnal révèlent une grande variété de styles. Il y a une infinie variété aussi dans ses têtes, alternant bonheur et chagrin. Les belles femmes rayonnantes avec des fleurs symbolisent la générosité de l’être humain. Cette période est marquée par le contraste bleu rouge. D’autres images nous emportent outre-Atlantique: vue sur l’Océan depuis les gratte-ciel de New York. Les lignes, la géométrie devient alors essentielle. Dans un autre contexte le motif du Danube et sa régulation – avec du vert et du bleu – revient à plusieurs reprises en évoquant le souvenir de Széchenyi. L’Académie Széchenyi a réussi à célébrer cette grande dame de la tapisserie.

Éva Vámos

Gödöllô, Grassalkovich Kastély, ouvert tlj sauf lundi de 10:00 à 17:00 jusqu’au 30 août

Ouvrages de référence : Gabriella Hajnal.

Catalogue bilingue de l’exposition

Júlia Jankovich : Az ujjászületett gobelin (avec 150 illustrations en couleur)

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