Expo: Le paradis terrestre

Expo: Le paradis terrestre

Les hautes falaises de craie qui descendent vers la mer, sur une toile de Georges Braque, cohabitent avec le buste d’Alberto Giacometti et l’Arlequin de la période cubiste de Jacques Lipchitz dans une nouvelle exposition de la Galerie Nationale – au Château Royal. Une grande collection particulière arrivée des États Unis via Augsburg où elle était exposée avant d’être accueillie à Budapest. C’est à travers le regard des collectionneurs d’origine hongroise Kasser-Mochary que nous y découvrons les différents courants de la modernité – des œuvres de grands maîtres rarement exposés.

 L'affiche de l’exposition, qui s'intitule Le paradis terrestre, n’est autre que Au temps d’harmonie de Paul Signac. Les thèmes éternels de l’art, de l’harmonie de la nature et de l’âge d’or se développent au fil d'un parcours ponctué des toiles de Monet, Renoir, Derain et Alexei von Jawlensky . «L’âge d’or n’est pas dans le passé, il est dans l’avenir», écrivait Signac. C'est dans cet esprit qu’il nous renvoie l’image idyllique de ces gens épanouis dans un cadre méditerranéen. Si le rêve de vivre en parfaite symbiose avec la nature dans une société plus harmonieuse est resté une utopie, dans cette salle on remarque pourtant de superbes couleurs et lignes, qu’il s’agisse de la Normandie vue par Braque ou bien des falaises vertigineuses de Belle-île sur les toiles de Claude Monet, qui nous laissent penser que le paradis n'est finalement pas loin... Le paradis justement, mais aussi l'enfer, sont également des sujets éternels. Rodin, marqué par la Divine Comédie de Dante, a réalisé le chef d'œuvre que nous connaissons tous. Et c'est l'humanité entière qui apparaît sur le visage des magnifiques portraits de Giacommeti, de Lipchitz et de Rodin. Une autre statue de Rodin, L’Idole éternelle, nous rappelle que le jeune Kasser, étudiant à Paris, a décidé de collectionner des œuvres d’art en visitant le Musée Rodin. Un moulage du Musée Rodin représente un homme agenouillé devant une femme, attitude qui exprime la tendresse mais encore plus la sensualité, la passion. On découvre plus loin le buste de la femme de Giacometti, Annette, suivi d'une vaste série de sculptures remarquables de Bourdelle et Maillol, d'un bronze de Picasso, datant de son époque bleue. Tous les les pères fondateurs du cubisme venus de Russie sont également réunis: Archipenko, Lipchitz et Zadkine. Sans oublier l’italien Marino Marini, dont plusieurs sculptures et dessins sont exposés, mais aussi les dessins de Calder, sans oublier les femmes qui habitent les toiles de Cézanne, Renoir, Modigliani, Matisse et Degas et les statues de Maillol et de Henri Moore. Une exposition où transparait donc autant la qualité de ces artistes que la sensibilité de leurs collectionneurs. Les enfants de ces derniers ont hérité non seulement de ces œuvres, mais aussi de l’amour de l’art et font tout pour garder vivante la mémoire de leurs parents. Ceux-ci étaient des Justes, qui ont sauvé à Budapest la vie de centaines de persécutés en 1944 en travaillant aux côtés de Wallenberg. Mais ça, c’est déjà une autre histoire...

Éva Vámos

 

Le paradis terrestre

Galerie Nationale (Magyar Nemzeti Galéria ), Budavári palota

Szent György tér 2, Ier arrt.

Jusqu’au 2 mai tlj de 10:00 à 18:00 (sauf lundi)

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