Expo: Lajos Vajda

Expo: Lajos Vajda

Le centenaire de la naissance de Vajda est l’occasion de découvrir enfin l’oeuvre d’un des géants de la peinture hongroise du 20e siècle. Une exposition impressionnante réunit des toiles venues de plusieurs musées et de collections privées à la Galerie Nationale. Lajos Vajda n’a vécu que 33 ans – mais il a eu une activité intense et il a laissé derrière lui une oeuvre tout à fait originale née de la confrontation de plusieurs cultures.

 

Au fil des salles on peut suivre toute son évolution picturale y compris ses collages réalisés durant sa période parisienne. Enfant, il a commencé à peindre très tôt, en Serbie où sa famille s’est installée pour quelques années. De retour en Hongrie, il étudie aux Beaux-Arts de Budapest d’où il est renvoyé à cause de ses sympathies envers les constructivistes hongrois, un mouvement d’artistes de gauche réunis autour de Kassák. Il part avec quelques amis peintres pour Paris et étudie tous les courants d’avant-garde, mais rentre après quelques années en Hongrie où, dans un climat très conservateur, il a le courage de révolutionner son art.

A Paris c’est la photographie et le cinéma (Eisenstein et Bunuel en particulier) qui l’inspirent. Dans ses photomontages il ne suit ni les dadaïstes, ni le constructivisme de Lissitzky ou des Hongrois Kassák et Moholy-Nagy. Avec du papier journal collé il introduit une tension très forte dans ces montages où la tragédie sous-tend les motifs qu’il emprunte, comme par exemple sur le photomontage La panthère et le lys – plus proche du surréalisme que du constructivisme. Une oeuvre savamment composée, émouvante et bizarre à la fois. Son Collage avec le peintre est une confession sur sa vocation, ponctuée d’énigmes: derrière la silhouette du peintre on aperçoit des écritures et en hébreux et en caractères latins indéchiffrables.

S’il s’inspire également de masques et de statuettes africaines, son art puise aussi dans d’autres sources: à Szentendre et dans ses environs il commence à dessiner d'anciennes maisons de paysans avec tous les motifs typiques. Avec son ami peintre Dezsô Korniss, ils réalisent un grand travail d’ethnologue, comme le faisait pour la musique Bartók et Kodály à l’époque. Vajda utilisera largement la symbolique des maisons sur ses toiles. Dans d’autres dessins – la symbolique de la religion judaïque se confond avec l’art des icônes byzantines – ces deux univers vivent dans un symbiose depuis son enfance. C’est de cette rencontre des cultures qu’est né par exemple Le torse de la Vierge à l’enfant avec un oeuf juif (devenu le visage de la Vierge). Les symboliques des deux traditions s’unissent sur cette toile. Les traits du visage abstrait sont composés de l’écriture hébraïque calligraphiée. A la fin de sa carrière, il créée une grande variété de têtes d’icônes, de masques et des dessins. Mais à l’approche de la guerre, sa tuberculose s’aggrave, ce qui ne l’empêchera pas de travailler jusqu’aux derniers instants. Avec ses dessins au fusain de très grand format, son art arrive ainsi à son apogée. La guerre est présente dans ses images chargées de terreur qui cherchent réponses aux plus grandes questions de son époque.

 

Éva Vámos

 

Galerie Nationale, bât. C

jusqu’au 22 février.

Tlj de 10h00 à 18h00 sauf le lundi.

Ouvrages à consulter : Un catalogue bilingue (anglais et hongrois) de l’exposition ainsi que la monographie écrite par Stefánia Mándy, disponible en hongrois, avec plusieurs centaines d’illustrations

 

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