EXPO: Gustav Klimt

EXPO: Gustav Klimt

Nuda Veritas, la vérité nue, est le titre d’une toile de Klimt et l’œuvre emblématique de tout le mouvement Sécessionniste viennois du tournant du siècle. C’est aussi le titre de la nouvelle exposition temporaire dédiée aux modernismes au Musée des Beaux Arts de Budapest.

Cette toile représente une très belle femme entourée de son infinie chevelure rousse et qui regarde ses spectateurs droit dans les yeux. Ce regard énigmatique proviendrait, selon certains, du fait que l’artiste a glissé quelques touches d’or dans les yeux de cette femme. C’est le cycle d’or de Gustav Klimt. De l’or et du sang – titre que choisira d’ailleurs Endre Ady pour les poèmes qu’il composera à cette même époque – c’est un des leitmotifs de l’exposition qui réunit les œuvres des sécessionnistes viennois et les maîtres de toute l’Europe adeptes du même mouvement et surnommé ailleurs Art nouveau ou Art déco. Ainsi la toile L’ange de la vie de Giovanni Segantini a-t-elle été présentée à Vienne par Klimt. Plus loin on remarque Elsa, la dame de Vienne immortalisée par Toulouse-Lautrec, ou les baigneurs de Pierre-Auguste Renoir et de Camille Pisarro, une gravure de bois de Gauguin et des litographies de Signac, Degas et Manet. Des statues de Eta Kövesházi-Kalmár présentent une artiste hongroise qui a vécu à Vienne jusqu’à 1920. Dans l’ensemble, le Musée des Beaux Arts a réussi à faire venir des œuvres remarquables de l’Albertina et des collections européennes et d’outre-mer. On redécouvre ainsi toute la richesse du musée des Beaux-Arts de Budapest, surtout dans le domaine du dessin avec quelques beaux livres et des documents précieux. La visite des salles se termine par le magnifique Chevalier d’or de Klimt qui nous arrive tout droit du Japon – car le peintre était influencé par les estampes japonaises également. Il vous faudra toutefois vous hâter d’aller le voir car le musée ne peut garder cette toile que durant quelques semaines.

Au fil de la visite – en redécouvrant les toiles de Klimt et de ses “protégés”, Schiele et Kokoschka, l’activité du Club des Sept et celle du Cercle Hagen d’antan, on replonge dans cette Belle époque viennoise et son effervescence. Rodin s’y rend en 1902 pour voir les fresques Beethoven de Klimt – une œuvre très importante encouragée également par Mahler à l’époque et que l’on peut toujours voir à Vienne. A Budapest le public suit toute l’évolution de l’œuvre du Gesamtkunst à travers de nombreuses esquisses exposées. Le monde d’hier, c’est la Vienne de l’époque décrite par Stefan Zweig dans son autobiographie. C’est dans un monde crépusculaire de la Mitteleuropa que l’élite intellectuelle crée des chefs d’œuvres avant l’éclatement de la monarchie austro-hongroise. Il y a une aspiration au bonheur dans ces scènes allégoriques très ornementées. C’est le royaume du désir, des rêves érotiques, à l’aube de la psychanalyse. Les toiles de Klimt ont fait scandale à Vienne alors que, à Paris, il a connu les plus grands honneurs lors de l’exposition universelle et qu’on le célèbre encore et toujours à travers le monde.

Éva Vámos

 

Szépművészeti Múzeum

Jusqu’au 9 janvier

Tlj de 10:00 à 17:30 sf lundi

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