Expo: Frida Kahlo

Expo: Frida Kahlo

Au-delà des vestiges de son passé et de son histoire, l’ancienne capitale impériale de la monarchie austro-hongroise attire un public toujours plus large avec des expositions dédiées à l’art du XXe et du XXIe siècle. C'est particulièrement le cas avec la rétrospective consacrée à Frida Kahlo.

L'œuvre de Frida Kahlo ne laisse personne indifférent, pourtant elle était presque oubliée quand le livre de Hayden Herrera puis le film de Julie Taymon tiré du roman ont ravivé l’attention des artistes et du public dans le monde entier. Mario Vargas Llosa fut l'un des premiers à avoir écrit sur le curieux destin de Frida Kahlo et son lien avec la postérité. André Breton l’avait rencontrée au Mexique et invité à Paris. C’est aussi lui qui l'a introduite et fait exposer à New York.

Contemporain de la révolution mexicaine de 1910, son mari, Diego Rivera, était l'un des plus grands peintres muralistes d’Amérique Latine et, au fil de l'exposition, on croise à plusieurs reprises son regard à travers des photographies qui documentent leur vie commune.

Il y avait plusieurs photographes dans la famille de Frida Kahlo, à commencer par son père, d’origine hongroise. Depuis toute petite, elle figure ainsi sur ses photos, mais également sur celles de Nickolas Muray, aux côtés de Diego Rivera, mais aussi de Trotzky et Breton. Cette exposition permet en outre de se plonger dans les pages de son journal, illustrées de dessins très colorés qui témoignent de son humour, de son imagination et de ses souffrances. Breton, à son arrivée au Mexique, est surpris par la nature surréaliste des œuvres de Frida, qui ne connaissait pas même le mouvement surréaliste en Europe. Une grande salle est ainsi dédiée aux toiles représentant ses rêves et ses sinistres fantasmes. Sa terre natale a gardé l’héritage des aztèques et ses toiles sont empreintes d'un fort métissage culturel. Dès son enfance, les accidents s’accumulent – la poliomyélite puis un très grave accident auquel elle a survécu malgré sa colonne vertébrale et son bassin brisés . Mais elle se relève et sa force de caractère lui permettent de créer une œuvre incomparable. Dans ses rêves comme dans son œuvre, ses souffrances et ses désirs d’enfant apparaissent, intimement mêlés.Elle peint l’arbre de l’es-poir et l’arbre généalogique de sa famille, puis Frida et Diego en amoureux. Hélas Diego la trompe et elle transpose alors également, outre ses souffrances physiques, ses blessures psychiques dans ses dessins. Après avoir divorcés et s'être remariés, la force de leur couple est exemplaire, même si, entre temps, Frida a eu d’autres liaisons. Elle aurait aimé construire un monde où elle embrasserait tous les siens. C’est ce qu'elle traduit sur une grande toile très forte où Diego en bébé, sur les genoux de Frida sanglotante et saignante, porte sur son front le troisième œil de Shiva. Telle une naissance façonnée par elle-même et d'anciennes déesses aztèques, Diego et Frida sont ainsi entourrés de ces figures sur la toile. En effet, dans son art, la tradition chrétienne, l’héritage aztèque et le bouddhisme qu’elle a étudié aboutissent à un mode d’expression unique et ô combien fascinant!

Éva Vámos

 

Rétrospective Frida Kahlo à Vienne Kunstforum, 1er arrt. Freyung 8

Jusqu’au 5 décembre, tlj de 10:00 à 19:00, vendredi jusqu’à 21:00

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