EXPO: Depero, a futurista

EXPO: Depero, a futurista

 

Les couleurs flamboyantes des textiles de Fortunato Depero, présentés à la Galerie Nationale, nous révèlent un chapitre moins connu du mouvement futuriste. Cette exposition réunit une centaine d’œuvres de Fortunato et d’autres artistes hongrois influencés par le futurisme.

C’est le moment des célébrations du futurisme dans les grands musées à travers le monde. Il y a 100 ans en effet, le poète italien Marinetti publiait le Manifeste de ce mouvement, à la une du Figaro à Paris (en fait en 1909 et c’est en 1910 que des artistes se regroupèrent autour du poète). Il y écrivait notamment: «Nous chanterons les grandes foules agitées par le travail, le plaisir ou la révolte...». Le manifeste du futurisme se confond avec la naissance de l’avant-garde même. Tous les arts et tous les continents étaient concernés. Son dynamisme a trouvé écho auprès des révolutionnaires russes, dont le poète Maiakovski et le peintre Malévitch, ainsi qu’auprès des artistes d’Europe Centrale et Orientale. Mais le futurisme a été discrédité plus tard par ses engagements politiques en faveur de Mussolini, surtout en Italie.

Fortunato Depero est originaire d’une région de l’ancienne Monarchie austro-hongroise. Il était lycéen au moment de la proclamation du manifeste, mais quelques années plus tard il œuvra au cœur de ce mouvement. Il exposa en Italie et à Paris et écrivit lui aussi un manifeste pour la reconstruction futuriste de l’univers. A Paris, il rencontre Djaghilev et le ballet russe, dont l’impact est sensible sur son parcours. Son film d’animation est proche des ballets de Stravinski, mais nous découvrons également l’Ours dansant sur la musique de Béla Bartók. Ce court métrage avec des figures géométrisées est grotesque et plein d’humour, mais ses soldats en marche évoquent tout à la fois la lutte armée et l’agressivité. Depero disposait, dès ses débuts, d’un atelier a Roveto, où il a expérimenté les nouvelles voies artistiques: des jouets et huiles jusqu’aux décors de théâtre en passant par la tapisserie exprimant la simultanéité de sa vision. Ses affiches et couvertures, réalisées pour Vogue et des revues de cinéma américain, sont aussi décoratives. Après la guerre il retourne en Amérique, mais il n’a pas le succès d’avant et, de retour en Italie, il fonde à Roveto la Galleria Museo Fortunato Depero – ouverte avec l’aide de la province de Trento, là même d’où la présente exposition provient directement.

Même s’il n’existait pas de contacts directs entre Depero et l’avant-garde hongroise, c’est une bonne occasion de redécouvrir des œuvres peu montrées, tel ce portrait de Marinetti par Lajos Tihanyi, et découvrir ou redécouvrir les œuvres de grands artistes comme Berény, Bortnyik et Uitz, qui tous devaient quitter la Hongrie, ou encore Kassák qui écrivit, dans son poème Le cheval meurt les oiseaux s’envolent, ces vers devenus célèbres; «les oiseaux ont avalé le son mais les arbres continuent à chanter (...) je suis LAJOS KASSAK et s’envole sur nos têtes le samovar nickel» (traduction: Philippe Dome et Tibor Papp).



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Éva Vámos

 

Depero, a futurista

Magyar Nemzeti Galéria

Budavári Palota

Ier arrt., Szent György tér 2

Jusqu’au 22 août

tlj de 10:00 à 18:00 sf lundi

 

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