EXPO: Bruno Bourel

EXPO: Bruno Bourel

 

La synagogue de la rue Rumbach accueille actuellement et jusqu’au 15 août une exposition de Bruno Bourel, photographe français vivant à Budapest depuis 1993, dédiée aux communautés juives de Budapest.

 

A travers une cinquantaine de tirages en noir et blanc, nous traversons le quartier juif, croisons des figures bien connues de la communauté, partageons des célébrations et moments plus graves, ou tout simplement le quotidien de ses membres. Le noir et blanc de Bruno Bourel est intemporel, tout comme les silhouettes sombres des rabbins ou ces célébrations qui ponctuent le calendrier des fêtes juives: Hanukka (la fête des lumières), Pourim (la fête des sorts), etc. Paradoxalement, c’est le portrait d’une vieille femme qui inscrit cette série photographique dans le présent. Son maquillage appuyé, ses sourcils surlignés et son pull rayé contrastent, graphiquement et symboliquement, avec les autres clichés. Un peu plus loin, on découvre un texte plein de tendresse qui semble faire écho à ce portrait intime: «Tante Baby aura bientôt 90 ans, mais elle en a l’air 5 de moins. Une femme moderne et pratique, les deux pieds sur terre, mais elle craint toujours une révolution, une guerre mondiale, un pogrom, une apocalypse à venir (…)». Cette tante Baby évoquée ici aussi: «On m’a rien raconté d’elle. Qui l’aurait fait? Seule tante Baby m’apprit des choses, tante Baby qui dit tout le temps “les maisons pré-abdiquées” au lieu des maisons pré-fabriquées. Tante Baby déclare ohne genre: depuis qu’on bâtit ces pré-abdiqués, le soleil n’arrive pas jusqu’au balcon. Il disparaît, se dissipe, ne se lève même pas, absorbé par des cubes colossaux, ces capteurs solaires à la János Kádár. Regarde Pouce et Poucette comme ils sont tristes (…)».

En effet, entre ses images et ses textes, Bruno Bourel tisse un portrait multi-facettes de cette communauté étoilée et de ce quartier qui, malgré le ciment des traditions, change de visage et de couleurs au gré des folies des promoteurs. Mais l’essentiel du propos n’est pas là, sans doute. Des ces enfants attablés à la cantine de l’école à ces hommes qui jouent (et trichent) aux cartes, de l’arbre de la mémoire aux dizaines de chaussures de bronze disposées le long du Danube et dédiées à la mémoire des milliers de Juifs jetés dans le fleuve par la milice des croix-fléchées, ou encore de ces jeunes mariés à ces femmes, riants dans la synagogue, cette exposition est une promenade, mi-légère, mi-grave à travers l’histoire et le quotidien de ces hommes, femmes et enfants. Car si, sur l’un des clichés, on peut lire une phrase encadrée et accrochée au mur d’un temple: «A templomban csak Istennel beszéljünk» (Au temple, nous ne parlons qu’avec Dieu), les autres photographies résonnent bien souvent des rires, chants, discours et autres paroles échangées d’une communauté bien vivante.

 

Frédérique Lemerre

 

Synagogue. VIIe arrt. Rumbach Sebestyén u.11-13

Jusqu’au 15 août


Bruno Bourel participe également à une exposition collective

Goethe Institut. IXe arrt.

Ráday u. 58

Jusqu’au 15 février 2011


Plus d’informations sur www.brunobourel.com

 

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