Expo: Botero
Botero est comme chez lui à Budapest, entre ses œuvres, au Musée des Beaux Arts. On y retrouve des toiles et quelques sculptures de son immense œuvre, provenant des musées du monde entier. Dès ses débuts, cet artiste colombien est influencé par les muralistes mexicains et l’art précolombien. On remarque également son amour pour la renaissance italienne, qu'il a appris à apprécier durant un séjour florentin. Cette exposition offre au spectateur de se promener entre ses sculptures, habituellement exposées sur les Champs Elysées à Paris, dans les jardins de Monaco ou sur les pentes historiques du Musée de Jérusalem. Ses personnages, aux dimensions exagérées, deviennent ainsi les maîtres des lieux.
Depuis bientôt 40 ans, Fernando Botero vit à Paris. Il trouve l’ambiance de la capitale française particulièrement favorable à la création artistique. Il a parcouru le monde entier et l’univers coloré des cirques l’a profondément imprégné – ses couleurs vives sont au cœur de l'une de ses séries. On a tendance à associer le réalisme magique à son art, mais Botero n’est pas d’accord avec ce parallèle: «le réalisme magique, c’est par exemple Garcia Marquez en littérature!». Il pense quant à lui qu'il n’y a point de magie dans son art, qu'il juge réaliste. Il a pourtant également illustré le livre Chronique d’une mort annoncée de Garcia Marquez...
Il a développé un style que l’on reconnaît du premier coup d'œil: ludique, plein d’humour – même ses bouquets de fleurs et ses natures mortes sont gigantesques! Ses personnages ronds célèbrent la volupté. Sa Marie Antoinette paraphrasée d’après Lebrun, ou bien l’Infante Margarita Tereza de Van Eyck, ses amants et ses portraits respirent la volupté, le plaisir de la chaire. Le Musée des Beaux Arts a préféré présenter ce volet de son œuvre plutôt que les œuvres où Botero s’insurge contre la violence qui gagne du terrain dans le monde entier.
Les salles où sont accrochés traditionnellement les toiles des grands maîtres anciens accueillent désormais également les paraphrases de Fernando Botero, en parfaite harmonie. Car Botero s’inspire souvent de sujets mythologiques, comme l’enlèvement d’Europe, ou biblique comme Adam et Eve – après une toile de Dürer, on passe à son pendant réalisé par Botero. Il y a une vraie sensibilité, en même temps qu’une monumentalité, dans son œuvre picturale ainsi que dans ses sculptures. Il trouve que, contrairement aux propos de certains critiques, ses personnages ne sont pas gros... mais qu'ils ont du volume.
On passe en revue la vie de tous les jours en Amérique Latine, ses paysages et nus féminin ainsi que les faiblesses humaines. Cette exposition présente en outre d'étranges scènes, autour d'ecclésiastiques ou de saltimbanques. L’univers du cirque est symbolique dans le monde des arts, tout comme celui de la corrida: très jeune il devait abandonner son rêve de devenir torero. Depuis, Botero est devenu un grand artiste, reconnu de son vivant, et ses sculptures gigantesques nous révèlent quelques aspects d’un très grand continent et de ses mystères.
Éva Vámos
Szépművészeti Múzeum
Hősök tere
Tlj de 10:00 à 17:00. Fermé le lundi
Jusqu’au 23 janvier 2011
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