EXPO: Avant et après
Avant–Après. Non, il ne s'agit pas d'un relooking, de chirurgie ou de musculation aux résultats spectaculaires, mais de la parenthèse du temps qui passe, tout simplement. C'est en effet la simplicité qui caractérise les œuvres de Barna Burger, 45 ans, auquel le musée Mai Manó, Maison de la photographie, consacre une attrayante exposition.
«Je pense que la photographie est un métier qui peut être fait seulement avec de l'humilité et beaucoup de travail», explique Barna Burger, par ailleurs fondateur de l'agence de photos Focus Pocus, photographe freelance pour des magazines et auteur de nombreux livres. Il a notamment publié, en 2005, l'ouvrage Brains or writing/92 portraits of contemporary writers, série de portraits d'écrivains hongrois. Cette exposition semble ainsi prolonger cette réflexion et sa démarche puisqu'il y propose une série de portraits en diptyques, en grand format et en couleur, qui invite le spectateur à un face a face troublant avec les célébrités qui se sont prêtées à ce jeu du double-portrait. Ces photos, accrochées côte a côte, d'une même personne photographiée à quelques minutes, quelques heures ou a une journée d'intervalle ont été prises en gros plan, révélant ainsi les détails de chaque visage : le grain de la peau, les reflets dans les yeux, l'expression d'un regard, des traits plus ou moins tirés ou encore le désordre d'une barbe...
Bien qu'il s'agisse pour la plupart de célébrités (acteurs, chanteurs, sportifs, architecte, écrivain...), on s'identifie facilement à ces hommes et femmes, que la simplicité de ces images et le naturel des poses et des tirages sans retouche nous rend plus proche que ne sauraient le faire les photos d'un magazine.
Burger propose en outre une exposition très éclectique. On y découvre un boxeur, qui après un éprouvant combat présente un visage égratigné mais radieux; une jeune fille, "au naturel" sur le premier cliché avant d'apparaître très maquillée sur le second – afin, peut-être d'y apparaître plus adulte; une religieuse, qui apparaît tour à tour en habit et en civil... Le photographe nous invite donc à deviner, à imaginer, à travers tous les changements visibles, ce qui a pu se produire dans l'intervalle de temps suspendu entre ces deux clichés. Cette jeune fille a-t-elle fait la fête? Cet homme a-t-il gagné ou perdu son combat de boxe? Cet autre a-t-il passé une bonne ou une mauvaise journée? Si les portraits de Burger expriment le temps qui passe, sa démarche ne s'inscrit pas dans la la durée, contrairement à cet autre photographe, Nicholas Nixon, célèbre pour sa série sur les sœurs Brown qu'il photographie tous les ans depuis 1975, mais dans l'instant, pour montrer que des visages peuvent changer même en quelques minutes, même imperceptiblement. Il suffit d'un instant pour qu'une personne présente un autre visage: une nouvelle coiffure, un peu de poudre sur le nez, une mauvaise ou une bonne nouvelle... Bien qu'anecdotique au premier abord, cette exposition nous invite à une réflexion sur le temps qui passe et sur l'apparence que nous offrons au regard d'autrui. Ce qui est en soit, bien moins anecdotique qu'il n'y paraît.
Marine Combres et Clara Grebot
Avant et après, le temps
entre parenthèses
Exposition photographique de Barna Burger
Mai Manó - Maison hongroise de la Photographie
VIe arrt. Nagymező utca 20.
du lundi au vendredi de 14:00 à 19:00, le week-end de 11:00 à 19:00
Jusqu'au 27 juin
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