Etre plus efficace ensemble

Etre plus efficace ensemble

Etre plus efficace ensemble,  Jeanne Dubard-Kajtár

Tout le monde connaît l’UFE, l’Union des Français de l’Etranger. Cette association reconnue d’utilité publique a pour but d’aider les Français résidant ou ayant résidé à l’étranger. Avec 163 représentations dans plus de 100 pays, cette association, créée en 1927 a pu obtenir des pouvoirs publics une meilleure prise en compte des spécificités des Français de l’Etranger et souvent d’aider des compatriotes traversant une situation difficile.

 La présidente de l’UFE en Hongrie est Mme Jeanne Dubard-Kajtár, spécialiste de la fiscalité internationale, senior manager chez Deloitte Central Europe et Conseillère du Commerce Extérieur de la France en Hongrie.

Souriante et toujours prête à apporter son aide à ceux qui en ont besoin, Mme Dubard-Kajtár a accepté de répondre aux questions du JFB sur son parcours et ses projets.

JFB: Que faisiez-vous avant de venir en Hongrie et de rejoindre Deloitte CE ?

Jeanne Dubard-Kajtár: Je travaillais pour un cabinet d’Avocats international comme spécialiste en fiscalité internationale. D’abord à Paris, puis à Chicago, où j’ai rencontré mon mari qui est Hongrois. Il y a quatorze ans, nous sommes venus nous installer à Budapest où j’ai rejoint Deloitte CE.

 JFB: Après quatorze ans de vie en Hongrie que pouvez-vous nous dire sur ce pays ?

J.D-K: Sur de nombreux plans, des choses ont été faites. Dans mon domaine, par exemple, on peut dire que les choses ont considérablement évolué: il y a aujourd’hui de grandes compétences en droit fiscal international chez les Hongrois, ce qui n’était pas le cas en 1995.

J’aime ce pays qui a beaucoup de qualités et je pense que les Hongrois se sont bien adaptés aux changements. Quand je suis arrivée, j’avais beaucoup d’espoirs, en ce qui concernait le pays lui-même mais force est de constater que tout n’a pas évolué. Beaucoup d’opportunités n’ont pas été saisies et c’est avec tristesse que je vois ce pays tel qu’il est en 2009 en sachant que la population va en souffrir. Sans être économiste, j’ai pu constater les investissements étrangers massifs qui ont été effectués dans les années quatre-vingt-dix et je me demande finalement ce qu’il en reste aujourd’hui... Qu’est-ce que les gens ont récolté après vingt ans ? Parce que vingt ans, c’est à la fois peu et beaucoup: on ne peut pas changer les mentalités en vingt ans mais on aurait pu changer plus de choses. Comment un pays qui a contribué avec talent à déclencher la chute du rideau de fer peut-il aujourd’hui se trouver dans une situation aussi absurde sur le plan intérieur et international ?

JFB: Que pensez-vous de la situation à venir ?

J.D-K: Un changement est nécessaire dans la façon dont les Hongrois perçoivent la politique: tout le monde s’accorde à dire que le pays a besoin d’une plus grande unité. Il faut aussi baisser les impôts pour que ce pays ait un système fiscal viable à même de soutenir le développement économique. Des réductions budgétaires sont nécessaires mais il semble que pour l’instant personne ne soit en mesure de les mettre en place. Il est clair que la population n’est pas prête non plus à les subir, ce qui ne facilite rien

JFB: Quelle serait, à votre avis, la bonne direction à prendre en matière fiscale ?

J.D-K: Je pense qu’il faut continuer à encourager les investissements étrangers et les affaires, améliorer la transparence de l’activité économique, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. L’hypertaxation de l’activité salariée associée à une mauvaise taxation des PME contribue aussi à affaiblir une classe moyenne dont le renforcement devrait être le premier objectif du gouvernement. Les errances actuelles en matières de réformes fiscales ne vont pas dans le sens d’une amélioration de la situation.

 JFB: Vous avez voulu vous impliquer davantage dans le soutien aux ressortissants français en Hongrie et vous êtes devenue présidente de l’UFE, malgré un emploi du temps très chargé et en plus des cours que vous dispensez à l’Université de Dijon...

J.D-K: Dijon est ma ville natale et j’y ai fait mes études de droit ainsi que ma spécialisation en droit fiscal, pour l’enseignement duquel l’Université de Dijon est réputée. Avec l’Europe et la mondialisation, la fiscalité internationale est devenue une matière importante dans l’enseignement de cette branche du droit. Mes anciens professeurs m’ont donc demandé d’assurer un cours sur la fiscalité en Europe centrale. J’aime beaucoup cette activité, d’ailleurs je fais également de la formation interne chez Deloitte, en Hongrie et en Europe. Ceci vous oblige à toujours mettre à jour vos connaissances pour maîtriser parfaitement votre sujet devant un auditoire exigeant. J’essaie de donner aux étudiants une image réelle et pratique de l’activité des entreprises et de leurs transactions dans cette région.

Concernant l’UFE, j’étais déjà trésorière de l’association et j’ai succédé à Jacques Peyrusaubes en juin 2008 comme présidente, mais c’est avant tout un travail d’équipe. Le but de l’UFE depuis sa création est de représenter les Français de l’Etranger auprès des pouvoirs publics. Elle est d’ailleurs à l’origine de la caisse des Français de l’Etranger, du vote des Français lorsqu’ils sont à l’Etranger, de la création de l’Assemblée des Français de l’Etranger, des Sénateurs et aujourd’hui des Députés de l’Etranger.

Actuellement, nous travaillons sur la prise en charge de la scolarité pour les enfants français vivant à l’Etranger. En Hongrie, compte tenu des conditions de vie et de l’absence de situations critiques nous sommes plutôt actifs dans les démarches citoyennes, nous rappelons aux gens la nécessité de s’inscrire pour pouvoir voter, nous faisons notre possible pour mobiliser les Français de Hongrie pour qu’ils aillent élire les conseillers qui siégeront à l’Assemblée des Français de l’Etranger.

JFB: Vous organisez aussi régulièrement des événements qui, semble-t-il, rencontrent un certain succès...

J.D-K: Pour que les Français de Hongrie puissent échanger des idées, partager un projet dans une ambiance conviviale, nous organisons quelques évènements comme des conférences. Lors de la dernière, en octobre 2008, Thomas Schreiber nous a présenté l’historique et l’état actuel des relations entre la France et la Hongrie. Nous organisons aussi des évènements nous permettant de recueillir les attentes de chacun, comme la journée «familles et rencontres» qui aura lieu en juin, organisée autour d’un tournoi de pétanque comme l’année dernière où elle avait rencontré un franc succès.

Nous nous attachons aussi à regarder ce qui se passe autour de nous en Hongrie. C’est ce qui nous a amenés à organiser des événements de bienfaisance, principalement pour soutenir des associations liées à l’enfance. Cette année, nous avons voulu aider le centre pour enfants autistes de Gyöngyös. Grâce au Gala de l’Epiphanie nous avons pu réunir 2,6 millions de HUF. Un résultat qui a été obtenu avec l’aide des Français installés en Hongrie, qui sont fidèles à l’évènement, qui nous ont vraiment soutenus depuis le début et qui ont renouvelé leur soutien à cette occasion.

JFB: L’UFE est actuellement dans une phase de réflexion...

J.D-K: L’UFE monde et toutes ses représentations sont entrés dans une phase de réflexion, de questionnement, sur ce que doit être l’action et l’organisation de l’UFE dans les dix prochaines années. Beaucoup a été fait pour que les Français de l’Etranger soient correctement représentés et conservent leurs droits alors qu’ils quittent le territoire français. Les Français de l’Etranger sont Français de nationalité et dans l’âme, ils participent activement à la richesse de notre pays et perpétuent à l’étranger les valeurs françaises et la culture française ; cette activité de défense de leurs droits est fondamentale pour nous, mais que peut-on faire de plus ? Comment peut-on être plus proche de l’ensemble des diverses composantes qui forment la communauté des Français de l’Etranger ? C’est ce sur quoi nous travaillons.

Xavier Glangeaud

 

Catégorie