Echec ou succès ?
Le plan Széll Kálmán fête son premier anniversaire
Lors de la présentation du plan Széll Kálmán le 1er mars 2011, beaucoup ont fondé de grands espoirs sur la mise en place des réformes structurelles et des ajustements budgétaires attendus depuis longtemps. Un an après l’annonce, il est temps de dresser un bilan. Et la situation est loin d’être rose...
Un an s’est écoulé depuis la présentation du plan Széll Kálmán et force est de constater que ce dernier n’est pas une histoire à succès. Plusieurs points du plan n’ont pas été mis en œuvre, d’autres seulement d’une façon partielle et les dates limites n’ont pas été respectées. L’un des éléments principaux du plan visait à introduire une politique économique capable de créer 1 million de nouveaux emplois en une décennie. Sur ce point, les résultats sont loin d’être satisfaisants : si le nombre des emplois a augmenté de 40 000, cette croissance a été obtenue grâce à des programmes de travaux publics, alors que le taux de chômage s’est maintenu à 11%. Par ailleurs, ces programmes de travaux publics ont fait l’objet de vives critiques. L’un des arguments le plus souvent cité dénonce un saupoudrage, qui n’offre pas de véritable solution aux divers problèmes du chômage.
Les chiffres
D’après les données rendues publiques par le Bureau Central des Statistiques, le taux d’emploi, et particulièrement pour les hommes, a augmenté. Mais si le taux de chômage est en baisse, le nombre des « sans emploi » n’a pas diminué.
Durant la période de novembre 2011 à janvier 2012, le nombre des actifs a atteint 3 816 000 en Hongrie, un chiffre supérieur de 40 000 à celui constaté pendant la même période en 2010. Le taux d’emploi a augmenté de 1,1 points pour atteindre 61,4% au sein de la population masculine et ce même taux était en hausse de 0,4 point chez les femmes, frôlant les 50,9%. Le nombre de chômeurs n’a quasiment pas évolué : il est de l’ordre de 460 000, soit un taux de 10,6%. Le communiqué du ministère de l’Economie nationale souligne que le taux d’emploi est en augmentation constante depuis 18 mois par rapport à la même période de l’année précédente.
Points de vue
L’analyste de Takarékbank, Gergely Suppan, a déclaré dans une étude que la croissance du taux d’emploi s’explique par l’introduction des programmes de travaux publics. Selon les estimations de Takarékbank, le taux de chômage s’est élevé à 11% en moyenne l’année dernière et cette banque prévoit une légère baisse, soit un taux de 10,8%, pour cette année. "Sur le marché du travail, la hausse considérable du SMIC peut poser un réel problème et contribuer à une vague de licenciement, qui va conduire par la suite certains agents économiques à se tourner vers l’économie grise, voire noire" poursuit l’étude.
De son côté, le ministère de l’Economie nationale voit la situation sous un autre angle. Il est d’avis que la croissance dynamique du taux d’emploi est liée aux secteurs concurrentiels et les programmes de travaux publics y sont pour peu. En plus, le secteur de l’industrie et du service voit sa capacité d’embauche s’accroître. Selon le ministère, la croissance permanente constatée depuis un an et demi, malgré une situation de marché extérieur défavorable, peut déjà refléter une tendance.
Dans une interview donnée sur la radio Kossuth, le secrétaire d’Etat responsable de la politique de l’emploi, Sándor Czomba, s’est dit optimiste et considère la création d’un million d’emplois comme un objectif réalisable. "Afin de parvenir à ce but, il faut que les inactifs retournent sur le marché du travail et il est également impératif de créer des emplois dans le secteur du bâtiment et des travaux publics ainsi que dans le secteur agricole" a-t-il déclaré.
Solution ?
De son côté, le parti LMP (la Politique peut être différente) a annoncé que le premier ministre Viktor Orbán et le ministre de l’Economie nationale György Matolcsy, ont subi un cuisant échec dans la création des emplois. Selon ce parti, le programme de développement de l’économie verte pourrait s’avérer être une réelle solution. Il pourrait conduire vers une meilleure gestion des questions environnementales, et vers un partage des charges équitable pour les PME, afin de garantir l’assainissement de l’économie et l’augmentation du taux d’emploi. Les investissements visant l’efficacité énergétique pourraient créer plus de 50 000 nouveaux emplois en moyenne par an. D’après le calcul des députés Gábor Scheiring et Bernadett Szél, le programme pourrait être lancé à l’aide d’une subvention d’Etat de 50 milliards de HUF par an et il pourrait rapporter 55 milliards de HUF de recettes fiscales à la fin de la deuxième année.
Il nous reste à savoir si le gouvernement va prendre en compte la proposition d’un parti d’opposition ou s’il persistera, comme il l’a fait jusqu’à présent, dans son plan malgré les résultats peu prometteurs...
Máté Kovács