Éboueur, une profession enviée

Éboueur, une profession enviée

Incohérences dans la grille des salaires

 

Étudier plusieurs années à l’université ne garantit plus forcément aujourd’hui un niveau de rémunération supérieur à celui d’emplois non qualifiés.

 

Plus de 1000 personnes ont récemment déposé leur candidature pour les 10 postes d’éboueur proposés par la société de traitement des déchets de Budapest (Fővárosi Közterületfenntartó Vállalat). Si ce type d’emplois «stables» connaît un tel succès, c’est que le salaire brut atteint 130 000 forints, auxquels s’ajoutent des primes. 10% des postulants sont diplômés et la majorité d’entre eux sont des jeunes. Ces chiffres sont encore plus choquants lorsqu’on sait qu’en Hongrie, un médecin débutant sa carrière gagne le même salaire net - 80 000 à 90 000 forints - qu’un éboueur. Il n’est donc pas surprenant que le nombre de jeunes médecins qui quittent chaque année ce pays d’Europe centrale est plus important que le nombre de nouveaux diplômés des facultés de médecine.

Le gouvernement essaie de rééquilibrer ce désordre sur le marché du travail, mais les tentatives n’ont pas eu beaucoup de succès pour le moment. Seulement 141 médecins diplômés ont demandé la bourse proposée récemment par l’Etat hongrois. Or, 620 bourses de ce type étaient offertes. Dans le cadre de ce programme lancé récemment par le gouvernement, les jeunes internes en médecine pourraient en effet gagner 100 000 forints net par mois à condition qu’ils s’engagent à travailler pour le secteur de la santé publique hongroise pendant 10 ans et qu’ils n’acceptent pas de rémunérations informelles (ou autrement dit des dessous de table). S’ils rompent le contrat, il doivent rembourser la somme ainsi qu’une indemnité supplémentaire. Selon les médecins diplômés interviewés par le site Origo, la bourse du gouvernement ne garantit pas une solution à long terme. De plus, ce programme pourrait générer des conflits entre les jeunes et les plus expérimentés qui gagnent moins. Ainsi les médecins continuent d’insister pour que le gouvernement établisse un salaire de base pour les jeunes médecins à 200 000 forints net.

La nouvelle réforme de l’éducation préconise une augmentation du salaire des professeurs de 200 à 250% du salaire minimum hongrois en fonction du niveau de formation. Leur rémunération reste aujourd’hui proportionnellement basse par rapport à l’importance de leur fonction, ce qui influence bien sûr la qualité de l’enseignement ; de fait, ce ne sont pas toujours les plus motivés et les plus compétents qui choisissent cette profession. La réforme envisage d’augmenter le salaire mensuel de 169 000 forints brut à 350 000 forints brut.

Les médecins et professeurs ne gagnent même pas le salaire général moyen brut hongrois qui est actuellement de 200 000 forints selon les données de Bureau de la Statistique Hongrois (KSH). Le secteur privé paie toujours beaucoup mieux que le public. Il n’est toutefois pas surprenant que la profession où l’on gagne les salaires les plus élevés n’est pas celle d’éboueur, mais celle du secteur bancaire et de l’assurance. Par ailleurs, selon le KSH, l’augmentation des salaires a été inférieure à l’inflation lors du premier trimestre de cette année. Ainsi à niveau réel, les Hongrois gagnent moins cette année que l’année dernière.

 Judit Zeisler

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