Du photojournalisme, des portraits et de la tapisserie française

Du photojournalisme, des portraits et de la tapisserie française

Promenade dans des galeries de Budapest

Les Port-au-Princiers après le séisme sont  immortalisés par Luc Delahaye dont la photographie est présentée actuellement à la Maison Mai Manó en compagnie d’autres tirages sélectionnés par le jury du Prix Pictet.  Ce photographe français qui a travaillé avec Magnum ainsi que pour les plus grandes revues et quotidiens est connu pour ses photographies de grand format. Il est lauréat du Prix Pictet – prix consacré au développement durable dans le monde et dont le président honoraire est Kofi Amman. L’exposition est en tournée et c’est pour la première fois à Budapest. Les gens en fuite – la peur dans le regard, mais ce sont des pillards. Du Mexique, puis de Guantanamo nous arrivons jusqu’en Europe dans les banlieues pauvres – ce sont les prises de vue de douze photographes d’une grande sensibilité sociale.

 

 

Le sujet de l’Europe apparaît sous une autre lumière dans une tapisserie française tissée par les meilleurs artistes hongrois et exposée à l’Institut Français de Budapest. C’est l’Association hongroise de la Tapisserie qui présente des œuvres dont la technique est issue d’une grande tradition séculaire en Hongrie. Ce genre connaît une renaissance de nos jours comme on le remarquera avec Inflexion d’Eleonora Pasqualetti, le Monde à l’envers de Péter Kovács ou Mur-Chance de Ida Lencsés qui dirige les travaux de l’atelier. Tous les espoirs associés à l’entrée dans la communauté européenne s’expriment dans la belle tapisserie tissée avec des et citations et dont le titre est : Lumière d’Europe.

Et voici venu le temps des contes pour célébrer les 200 ans de l’édition de contes des frères  Grimm. La Galerie 2B en partenariat avec l’Institut Goethe a lancé une exposition où il y a un défilé de frères et sœurs qui se sont inspirés des contes de Grimm – il n’y a pas d’épouvante – mais des collages, des dessins, des vidéos, bref des œuvres en tous genres – une ambiance conviviale en présence des enfants – à côté des dessins plein d’humour de Gábor Roskó – ses portraits dessinés par sa sœur Bea Roskó. Je crois deviner que l’idée vient des galeristes – deux frères artistes qui tiennent la galerie : les 2 B sont des crayons mais aussi les 2 Böröcz – l’un est sculpteur renommé à New-York, l’autre chanteur d’opéra et s’occupe de la galerie à Budapest.

Le Musée Ernst célèbre son centenaire avec des portraits d’art contemporain. Une exposition qui témoigne d’une grande variété dans l’approche des artistes comme Gilbert&George ou Andres Serrano. Vous y verrez des œuvres aussi diverses que des portraits de Marina Abramovic ou du Hongrois Miklós Erdély dont le personnage est devenu mythique.  Ce ne sont pas des portraits traditionnels – mais l’exposition rend hommage à Lajos Ernst, fondateur du musée, il y a cent ans et qui était un grand collectionneur de portraits d’artistes célèbres.

Des portraits encore – mais pris par un seul photographe Tamás Féner – artiste connu pour ses célèbres socio-photos montrant des ouvriers d’usines, des Roms et des communautés juives. C’est au Musée juif qu’il expose ses portraits d’écrivains et d’érudits célèbres , comme György Konrád, Ferenc Juhász, Agnes Heller, József Schweitzer et tant d’autres. C’est un grand artiste paysagiste également  – avec les citations tirées de la Bible ou d E.T. A. Hoffmann, il nous ouvre son univers secret.

En revenant vers Buda, la galerie Várfok présente les dernières œuvres de Róbert Varady. L’artiste nous invite à une réflexion sur l’espace. Le jeu de mot caché dans le titre hongrois : Tér/v/iszony montre à quel point les relations avec l’espace peuvent être ambivalentes. Avec ses toiles il nous entraine dans ses grandes espaces imaginaires où les êtres humains semblent être perdus – ses Metropolis  n° 1 et 2 évoquent les décors du cinéma de science-fiction. 

Des miracles ! On en voit dans le Project-room de la Galerie avec les installations de la sculptrice italienne Caterina Silenzi dans le cadre de la Saison hungaro-italienne qui débute en 2013.  Après des études de plasticienne en Italie et en Espagne, elle continue au Canada et apprend à manier des effets spéciaux. Le résultat : elle revoit la Renaissance italienne avec les moyens du 21ème siècle : Dea sa fille est métamorphosée en déesse de la forêt entourée de faunes et de nymphes. Elle cite les Métamorphoses d’Ovide. L’artiste revient avec ses inventions surprenantes vers le circuit éternel dans la tradition de l’Antiquité grecque. 

Il nous en faut de ces miracles et il faut y croire - pour contribuer à une telle effervescence dans l’Art en des temps pourtant difficiles.

Adresses :

Maison de la photographie ; Mai Manó – Prix Pictet. Power

Jusqu’au 24 février du lundi au vendredi de 14 à 19h ; sam-dim de 11 à 19h

Budapest, VI : Nagymező utca 20



Institut Français de Budapest-  Codes de tissage – jusqu’au 22 février

du lundi au vendredi de 10 à 18h

1011 Fő utca 17

 

Galerie 2B – Grimm 200 ! jusqu’au 14 mars

Du lundi au vendredi de 14 à 18h

1092 Budapest, Ráday utca 47

 

Musée Ernst : Tükör által homályosan – portraits jusau’au 7 avril

Ouvert du mardi au dimanche de 11 à 19h

1065 Budapest, Nagymező u 8

 

Musée juif – Photographies de Tamás Féner jusqu’au 15 février 2013

Ouvert du dimanche au jeudi de 10 à 16h, vendredi de 10 à 14h

 

Várfok Galéria – Róbert Várady et Caterina Silenzi

 du mardi au samedi de 11 à 18h jusqu’au 2 mars 2013    

1012 Budapest, Várfok u 11., 14.

 

Éva Vámos

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