Du mont Gellért à Bibracte

Du mont Gellért à Bibracte

A la recherche de la civilisation celtique

 

Depuis une vingtaine d’années, une coopération franco-hongroise exemplaire existe entre archéologues à la recherche d'anciens sites celtiques à travers l’Europe. Nous avons rencontré le professeur Miklós Szabó de ELTE, auteur de plusieurs ouvrages publiés à Paris et à Budapest sur le sujet ainsi que Vincent Guichard, directeur général de Bibracte, haut lieu de recherches et de coopération culturelle.

L’archéologie montre que l’on doit beaucoup aux Celtes en matière d’aménagement du territoire et aussi dans le domaine de la culture. Des villes importantes, encore aujourd’hui, ont été construites sur l'emplacement d’un oppidum, site celtique. Ils ont façonné le paysage européen avant les Romains. Ils étaient innovateurs dans les techniques de construction et leurs objets d’artisanat émerveillent les visiteurs des musées. C’est une étape importante dans la culture européenne.

Au bord du Danube, à l'Institut Francais de Budapest, sortant des salles d’une exposition et à l’issue d’une table ronde dédiée aux récentes recherches, nous sommes rencontrés, à quelques pas du Mont Gellért, où les fouilles d’un oppidum ont eu lieu. Nous pouvons admirer ce travail de recherche dans les vitrines du Musée de la Citadelle comme dans d’autres musées à travers toute la Hongrie. Miklós Szabó énumère les lieux où ils ont travaillé avec leurs homologues français : d’abord en Hongrie occidentale à l’oppidum de Velem – un site devenu célèbre dans le monde. Les fouilles ont abouti à des résultats concluant en Hongrie du Nord dans la région de Miskolc- puis à Eger – fruit de la coopération franco-hongroise (une publication sera publiée sur ce sujet vers la fin de l’année). Vincent Guichard parle des raisons historiques et archéologiques de la coopération : pourquoi les Hongrois consacrent tant d’énergie sur des fouilles qui se situent au centre de la France : parce que Bibracte est un site qui lie les Européens. D’ailleurs, dans ce cas, on s’aperçoit qu’il s’agit d’un phénomène tout à fait original de développement urbain - suivant un axe transversal Est-Ouest, situé au nord des Alpes. Bibracte – à vol d’oiseau de la Méditerranée – a paradoxalement plus d’affinités avec les sites en Europe Centrale qu’avec les sites de la région de Marseille.

Bibracte est important depuis longtemps. Jules César en parle dans ses “Commentaires sur la Guerre des Gaules”. C’est un site extraordinaire où les archéologues français, italiens, allemands et anglais travaillent ensemble . La création de cet établissement Public de Coopération culturelle remonte à l’époque de François Mitterrand. C’est son ministre Jack Lang qui a demandé au professeur Szabó de l’Université ELTE de participer à l’élaboration du projet et de poursuivre les fouilles sur le terrain avec ses collègues français. Depuis 1988, une quinzaine de hongrois, chercheurs, enseignants et étudiants, travaillent à Bibracte. Pour les étudiants, cela représente une opportunité, celle de connaître des méthodes archéologiques utilisées en France et de travailler sur les thèmes de la fin de l’époque celtique.

Vincent Guichard qui dirige ce grand établissement accueille des chercheurs d’une dizaine d’universités européennes qui ont la chance de voir le site en taille réelle et d'effectuer des fouilles, motivées uniquement par des objectifs de recherche et de formation – sans calendrier imposé par d’autres organismes davantage orientés vers la reconstruction. Bibracte présente donc une autre vérité que celle de l’imaginaire collectif d’Astérix.

 

Éva Vámos

 

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