Diplômes dévalorisés?
Les premiers diplômés depuis l'introduction du système de Bologne arrivent sur le marché du travail. L’heure également des premiers bilans pour cette vaste réforme de l’enseignements supérieur
Voici trois ans que les mesures visant à restructurer les études supérieures en Hongrie ont débutées. Suite à la conférence internationale de Bologne (1999) et au nom de l’harmonisation et de l’uniformisation des diplômes à l’échelle européenne, les traditionnelles 5 années d’études universitaires ont été réparties en deux périodes. La première, d’une durée de 3 ans, permet l’obtention d’un Bachelor, suivie d’une formation de deux ans en Master. Jusqu’à présent, seules des prévisions et des hypothèses étaient disponibles sur l’impact du système de Bologne, la valeur effective des diplômes universitaires auprès des employeurs, les tendances du marché du travail et la perception des étudiants. Toutefois, si ces mesures ont été adoptées sans que soit clairement établie leur incidence sur l’emploi des jeunes diplômés, un début de reponse semble aujourd’hui se dessiner avec, il y a six mois, l’arrivée des premiers diplômés sur le marché du travail.
Les diplômes Bsc, nécessitant 6 à 7 semestres d’études supérieures, sont théoriquement équivalents aux anciens diplômes d’écoles supérieures avant 2006. Pourtant, ni les entreprises ni les professeurs ne semblent réellement faire le lien entre la valeur de ces nouveaux diplômes et les anciens. Le système, soulignent-ils, a été si profondément et si rapidement transformé, tant au niveau des programmes que celui du financement des études, que nul n’est réellement en mesure d’évaluer leur valeur. Seuls les premiers entretiens d’embauche pourront confirmer ou infirmer l’efficacité de ce nouveau système à mozen et long terme, la valeur des diplômes ne se mesurant finalement qu’à travers les compétences et le savoir-faire des étudiants.
Avoir un diplôme supérieur ou universiatire a toujours été, en Hongrie, le symbole d’une future sécurité, tant sociale que financière. Par ailleurs, l’accès à l’enseignement supérieur étant gratuit, celui-ci a toujours été considéré comme un outil d’ascension sociale. C'est encore le cas en 2010 aux yeux des étudiants, même si les facultés peinent à offrir des formations adaptées au marché du travail. Les universités oppèrent pourtant désormais une sélection drastique des étudiants. Toutefois les points obtenus lors des concours d’entrée dans les universités sont calculés en fonction du nombre de candidats pour une place et ne se basent donc pas du tout sur la nature ou sur le niveau des candidats, ce qui fausse quelque peu la donne au regard des étudiants. Ainsi les facultés leaders, comme la gestion-marketing ou la communication-média, réalisent-elles chaque année les scores les plus élevés lors des concours. Scores qui indiquent que la demande aupres les étudiants est accrue mais qui ne tiennent en aucun cas compte des débouchés potentielles des spécialistes média sur le marché du travail, or celles-ci sont désormais restreintes.
Cet écart entre la spécialisation des étudiants et l’exigence du marché du travail contribue à la dévalorisation des diplômes, même si ce n’est certes pas un effet direct du système de Bologne. Malheureusement, les établissements n’ont pas intérêt à orienter les étudiants vers les voies optimales en terme de débouchées car leur budget dépend du nombre absolu des candidats.
Cette tendance à la dévalorisation des diplômes est l’une des raisons pour lesquelles les étudiants poursuivent leurs études après l’obtention d’un Bsc. Cette année, 80% des troisièmes années ont entamé un master 1 en espérant bénéficier d’une formation plus personnalisée et mieux valorisée. On saura dans deux ans s’ils ont fait le bon choix.
La perception par les entreprises des diplômes validant 3 années d’études est ambiguë. Beaucoup expriment leur satisfaction car ils considèrent que les étudiants Bsc sont dotés de “bonnes bases” et qu’ils peuvent ensuite les former comme ils l’entendent, en fonction de l’exigence des postes et missions qui leurs sont confiées. D’autres considèrent la formation de 3 ans insuffisante et les candidats incompétents, c’est pourquoi ils exigent de leurs collaborateurs qu’ils aient un Master voire un doctorat en poche.
Les étudiants, quant à eux, sont incertains mais confiants. Ils ne savent pas comment le marché absorbera les nouveaux diplômés, mais cette “pause” au milieu de leur formation leur permet de redéfinir leurs attentes et leurs intérêts. Ils ont en outre la possibilité d’arrêter de de changer d’orientation. Ils ont en somme beaucoup plus de liberté par rapport à l’ancien système. Ces nouveautés mettent ainsi fin à l’époque où on était “prédéterminé” par la nature de son diplôme et demandent plus de flexibilité et de compromis de la part des étudiants, mais aussi des entreprises.
Kata Bors