Diplomates hongrois licenciés
Une douzaine de diplomates hongrois qui avaient été nommés à différents postes à travers le monde, ont vu leur départ annulé par le Ministère des Affaires Étrangères lors de l'arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement. Ils ont décidé de porter plainte.
Ádám Kemény avait été désigné pour occuper un poste d’attaché économique auprès de l'ambassade de Hongrie en Ukraine et aurait dû partir en mission à Kiev le 5 juillet dernier. Auparavant il avait été l'un des principaux conseillers de l’ancien ministre de l’agriculture, József Gráf, au Ministère de l’Agriculture et du Développement rural. Il avait en outre déjà rempli une fonction de conseiller à l’ambassade hongroise à Moscou pendant cinq ans. Un mois après la date prévue de son départ il a reçu une lettre lui expliquant que sa «mission diplomatique a été refusée et annulée pour cause d’intérêt professionnel d’importance».
Avec plusieurs collègues se trouvant dans la même situation, Kemény a décidé de porter plainte contre le Ministère des Affaires Étrangères qui, en prenant cette décision arbitraire et injustifiée, a causé un important préjudice financier et professionnel aux diplomates en question.
Le ministre des affaires étrangères du nouveau gouvernement, János Martonyi, avait déclaré auparavant dans une interview télévisée que le Ministère avait rappelé 15 ambassadeurs en Hongrie. Si le contrat de la plupart d'entre eux arrivait en effet à terme, en ce qui concerne les autres ambassadeurs en question, le ministre a précisé que la nouvelle direction politique n’avait pas confiance en eux.
Mais la vraie question concerne d'avantage une douzaine de diplomates spécialisés qui avaient passé avec succès un concours officiel avant les élections législatives d’avril dernier leur permettant d'accéder à des postes diplomatiques. Ils ont ainsi fait toutes les démarches nécessaires pour pour pouvoir débuter à temps les missions pour lesquelles ils avaient été désignés. Selon eux, il est évident que la décision du Ministère cache une volonté politique et non pas des raisons professionnelle.
C’est en somme le même refrain à la suite de chaque élection: nouveau gouvernement, nouvelle équipe. Ce qui peut se comprendre en ce qui concerne les différentes directions et postes stratégiques au sein des ministères, des ambassades et de certaines institutions stratégiques, mais qui paraît incompréhensible en ce qui concerne les experts qui occupent des postes plus techniques dans leurs domaines de compétence. Ainsi est-il difficile d'imaginer en Hongrie ce que l'on a pu observer dans d'autres démocraties, en France par exemple, où Nicolas Sarkozy a nommé plusieurs socialistes à la tête de plusieurs ministères d'importance, ou aux Etats-Unis, lorsque le Président Obama a choisi Hillary Clinton, sa grande adversaire démocrate lors de la campagne électorale. Qu'il s'agisse d'une stratégie et d'un calcul politique, c'est un fait, mais cela révèle une volonté de pluralité et de compromis, dont la "Hongrie des deux tiers" a décidé de se passer.
Bálint Seres