„Dictionnaire inédit de la Hongrie”

„Dictionnaire inédit de la Hongrie”

Une immersion (distrayante) dans la Hongrie profonde à laquelle nous convie Joël Le Pavous

En voilà qui pourrait en faire rougir plus d´un d´envie : arrivé depuis six ans à peine en Hongrie, ne sachant alors pratiquement pas un mot de hongrois, notre ami parle aujourd´hui couramment cette langue, pourtant réputée ardue, et ce sans accent. Mais ce n´est pas tout, également doté d´un talent de rédacteur évident. A croire que des bonnes fées se sont penchées sur son berceau là-haut, dans sa Savoie natale… Nous avons nommé Joël Le Pavous, jeune journaliste free-lance établi à Budapest.

Première question qui vient d´emblée à l´esprit : pourquoi donc, à peine sorti de l´École de Journalisme de Bordeaux, aller se fourrer dans cette contrée éloignée dont il ne devait guère savoir plus que le Français moyen, c´est-à-dire bien peu de choses ? La réponse, chacun l´aura devinée : pour les beaux yeux d´une Hongroise… Bien sûr ! Et c´est tant mieux pour nous.

Manier la langue hongroise constitue un bel exploit, certes, mais il y a mieux encore : parvenir à pénétrer les tréfonds de l´âme magyare, ce qui n´est pas chose simple, et à s´immerger dans la société hongroise pour l´observer non de l´extérieur, mais de l´intérieur. Sans se départir pour autant de cet esprit cartésien censé nous caractériser. Et il semble s´en être fort bien tiré, je peux en témoigner sans risquer de me tromper.

Tout cela se traduisant par un amour du pays, de ses habitants, de leurs coutumes et de leur culture, sans pour autant laisser de côté leurs petits points faibles. Amour que Joël a voulu nous faire partager en commençant par rédiger des notes sur tel ou tel aspect de la vie locale. Notes qui se sont de fil en aiguille fondues dans un ouvrage intitulé „Dictionnaire insolite de la Hongrie” récemment paru aux éditions Cosmopole.

Un ouvrage original, sans équivalent à notre connaissance, nous offrant, non une approche de synthèse, mais abordant séparément tel ou tel aspect de la vie quotidienne locale. Répartis sur plus de 200 mots-clés présentés en ordre alphabétique dans un style simple, fluide, agréable à la lecture et non dépourvu d´humour. Une sorte de kaléidoscope aux multiples facettes qui nous invite à participer nous-mêmes au quotidien des Hongrois, balayage qui recouvre les aspects les plus divers de la vie locale, présentés de façon vivante et spontanée, sorte de „direct”, sans jamais tomber dans des considérations oiseuses. Aspects qui recouvrent aussi bien la culture classique que le pop ou encore la gastronomie, le langage ou ces petites „tendances mode” très répandues, sans oublier l´incontournable monde de la politique.

Premier avantage : un ouvrage (150 pages) que vous n´avez pas à lire de bout en bout, mais par petits bouts glanés au gré de votre humeur. Avec des entrées parfois surprenantes, tel „Bud Spencer” (que vient-il donc faire sur cette galère ?). Tout bonnement parce que, véritable coqueluche du public hongrois, il s´est vu édifier une statue à Budapest. Par ailleurs amateur déclaré de bière hongroise. Même remarque pour Peter Falk à la rubrique „Columbo” qui s´est vu aussi édifier une statue. Décidément, les Hongrois adorent les statues (même Reagan n´y échappe pas...). Mais aussi et surtout, bien sûr, des symboles bien typiques, qualifiés ici de „Hungaricum” (mot-clé qui figure dans l´ouvrage). Un peu équivalents, en quelque sorte, de notre baguette, croissant, béret, grève, pastis, Astérix ou bal musette. Quelques-uns glanés au hasard: „Csikós” (cavalier de la Grande Plaine), „Puskás” (le footballeur légendaire), „Rubik´Cube”, „Kolbász” (saucisse très appréciée), „Gundel” (pâtissier-restaurateur), „Mohács” (râclée prise en 1526 devant les armées ottomanes), „Ballagás” (défilé des bacheliers fraîchement émoulus), „Süsü” (dragon vedette d´une série animée pour enfants), „Túró” (sorte de fromage blanc caillé), „Verbunkos” (danse populaire masculine dite „du recrutement”)  et j´en passe.

Le mieux est donc de courir vous procurer l´ouvrage. Vous allez vous délecter, je m´en porte garant. Peut-être aussi avoir envie de venir faire un tour sur les bords du Danube, qui sait ?

Pierre Waline

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