Design, mon beau design
La semaine du design fête ses 5 ans
Kata Bors
Du 3 au 12 octobre, Budapest s’est transformée en une vaste scène pour devenir, dix jours durant, le carrefour des designers hongrois et internationaux. L’occasion d’admirer leurs nouvelles collections et de découvrir les nouvelles tendances.
La semaine du design s’est déclinée en une cinquantaine de manifestations: expositions, défilés de mode, tables rondes, conférences et workshops. Si, pour beaucoup, le design et la mode étaient jusqu’à présent l’apanage des boutiques de la Fashion street et d’Andrássy, voire de Király utca où l’on peut trouver de petits objets de déco, les amateurs de “belles choses” ont ainsi eu l’occasion de découvrir des artistes peu connus, de petits ateliers cachés, de nouvelles marques prometteuses et qui restent souvent invisibles le reste de l’année. Design, architecture d’intérieur et arts contemporains étaient donc en fête, certes, mais aussi ont dévoilé leurs aspects les moins connus et les plus complexes, bien avant d’attirer l’oeil en vitrine.
Le travail d’un designer commence par l’ étude des besoins des consommateurs, puis se poursuit avec le processus de création. Dans le cas d’un styliste, c’est ensuite équipé de centaines de dessins et de modèles, de tissus et de matières, que le designer doit mettre en œuvre la production, le marketing et le service après-vente pour pouvoir surveiller au mieux le chemin de la création.
Cette année les invités d’honneur du centre Vam Design et du Musée d’Art Moderne étaient des designers italiens, Patricia Urquiola, Mario Botta, Ron Arad ou encore Karim Rashid, dans le cadre de l’exposition „Made in Italy” qui ausculte toutes les tendances du design italien, des grands classiques aux tendances les plus contemporaines. Aujourd’hui, 60% des objets de design sont créés par des Italiens. Afin de rester compétitifs, ces derniers ont su s’associer pour former des “berceaux de création”, pour s’entraider et créer.
En Hongrie ce type de partenariat n’est pas encore très répandu, mais en bonne voie... Notons en outre qu’un tel événement festif et coloré ne signifie pas que ce secteur ne connaisse pas de difficultés économiques. Avec l’expansion des produits d’origine asiatique, ce marché doit affronter la grande concurrence où le facteur de préférence du consommateur est le prix et non pas la qualité ni toujours l’originalité (à souligner également: le problème des copyrights et autres contrefaçons). On entend souvent qu’il y a pourtant une demande importante et une clientèle dotée d’un pouvoir d’achat suffisant pour donner le feu vert au développement de ce marché, mais en réalité la situation n’est pas si rassurante. En effet, les designers, pour rester compétitifs, doivent baisser leurs prix à tel point qu’ils ne trouvent plus de main-d’œuvre qualifiée pour la production des collections, sans parler du loyer d’un showroom attirant, des coûts du marketing, des éléments essentiels pour se faire connaître et parvenir à vendre sa production. Et ce pour un nombre de consommateurs encore modéré.
Pour ceux qui ont manqué cette semaine frénétique, les expositions du Vam Design et du Musée d’Art Moderne accueillent jusqu’à la fin du mois d’octobre tous ceux qui ne se contentent pas des produits de masse proposés par des grandes chaînes. Quant aux accros de design, ils trouveront sans difficulté leur bonheur dans les rues du centre-ville, pleines de petits showrooms et autres boutiques incontournables, signe qu’à Budapest on n’est pas moins doués en matière de design… Il manque seulement encore un soutien, financier et moral, pour créer quelque chose de durable.
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