Des pratiques douteuses

Des pratiques douteuses

L'affaire Emfesz
La gazière Emfesz fait face à des accusations de falsifications de compte ayant eu lieu en 2009. La société se serait faussement déclarée en état d'insolvabilité afin de faire disparaître des sommes considérables au profit d'une poignée de cadres dirigeants de l'entreprise.

Il semblerait que la vente du permis d'exploitation des gazoducs en avril 2009 ait fait l'objet d'une transaction en argent liquide (150 millions de dollars soit 30 milliards de forints). Cet argent a disparu. Des enquêtes en cours tentent de montrer que l'insolvabilité de Emfesz s'explique plus par l'accaparement illicite des actifs de l'entreprise par une infime minorité que par la mauvaise conjoncture économique.
C'est à partir du début des pourparlers sur la reprise du capital de Emfesz que l'argent a commencé à disparaître, de plus en plus. Dépendant aujourd'hui d'investisseurs ukrainiens, russes et suédois, les dirigeants de la compagnie gazière se sont alliés à ces investisseurs pour mener un pillage contre-productif et antisocial de l'entreprise. En avril 2009, le propriétaire était l'homme d'affaires ukrainien Dimitrij Firtas. Il s'est avéré que les fruits de la vente du monopole d'exploitation du gaz en Hongrie s'est subitement retrouvé dans le compte d'une petite entreprise offshore possédée par le dirigeant de l'époque, Göczi István. Dans le même temps était annoncée la situation désastreuse des comptes de l'entreprise. Dès le début des pourparlers avec les investisseurs russes et ukrainiens, certains observateurs avaient mis en garde Emfesz sur le risque que comportait l'alliance avec des hommes d'affaires, dont le seul but est un enrichissement à très court terme. Emfesz est détenu par RosUkEnergo qui traite directement avec Gazprom et Dimitrij Firtas. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant qu'il y ait des doutes sur la véracité de l'insolvabilité de Emfesz étant donné que Firtas et Gazprom tournent à plein régime.
Dans cette affaire, il y deux invariants de l'histoire récente de la Hongrie ces dernières années. Premièrement, certains se rendront aisément compte que le discours sur le vent de liberté qui est censé avoir soufflé sur la Hongrie en 1989 est à nuancer. Si la domination politique s'est atténuée, la domination économique s'est accrue, sauvagement. C'est surtout le cas dans le secteur énergétique. La Hongrie dépend à 80% du gaz russe, il ne faut pas l'oublier. Si elle ne se plie pas à la voracité des géants du gaz russe, on lui coupe les vannes. Elle s'y plie, mais la justice, qui est moins un simulacre dans l'UE qu'en Russie, rattrape ceux qui s'y plient. Deuxièmement, on ne compte plus les affaires de falsifications de comptes pour renflouer des entreprises off-shore, c'est devenu un grand classique en Hongrie. Enfin, il y a là une pratique du capitalisme actionnarial : dans la cas d'une grande entreprise en difficulté, tout mettre sur le dos de la mauvaise conjoncture économique pour dissimuler des agissements allant à l'encontre des intérêts de l'entreprise.

Yann Caspar

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