Des fleurs pour toutes les femmes
Le 8 mars, Journée internationale des femmes, a longtemps été une date particulièrement fêtée, pour ne pas dire fleurie, dans les pays dits « ex-communistes ». Cela a été et est encore le cas dans la province autonome du nord de la Serbie, la Voïvodine. Tereza Simon, d’origine hongroise, née dans cette région multiethnique, et par conséquent dotée d’une richesse culturelle très marquée, évoque pour nous l’importance de cette journée dans la vie des femmes.
En Yougoslavie, comme dans les autres pays socialistes de l’Est, la femme a toujours été considérée à égalité avec les hommes. Cela faisait partie de l’idéologie officielle, de la politique. Souvenons-nous que celles qui ont créé cette journée sont des femmes socialistes qui, à l’initiative de l’Allemande Clara Zetkin, se sont réunies en 1910 à Copenhague pour réfléchir au droit de vote des femmes et à l’amélioration de leurs conditions de travail.
«Ce jour-là, toutes les femmes reçoivent une fleur !», nous explique avec enthousiasme Tereza Simon. «L’époux offre des fleurs à sa femme, le jeune homme à sa belle, l’enfant à sa mère, à sa grand-mère, à son institutrice, le malade à son médecin (femme), le gendre à sa belle-mère, le directeur à ses employées, une jeune mère à sa mère, et même entre parentes, bref à toutes les femmes. En Voïvodine, ce jour est si important que les directeurs organisaient pour les employées des excursions, des séjours au ski, ou de bien-être, et leur accordaient même un jour de congé. L’ère socialiste supposait une émancipation de la femme et un accès aux mêmes droits que les hommes. Aujourd’hui, il y a sans doute moins de choses prévues par les collectivités, il n’en demeure pas moins que les hommes sont parti-culièrement attentionnés ce jour-là envers les femmes. »
Tereza Simon, budapestoise depuis le conflit qui a brisé la Yougoslavie, constate qu’il existe un parallèle entre cette journée du 8 mars et la fête des mères en Hongrie. « On y célèbre la femme en tant que mère. C’est un peu différent car toutes les femmes ne peuvent pas, pour différentes raisons, devenir mère. »
Ancienne directrice d’une grande école maternelle à Novi Sad, capitale de la Voïvodine, Tereza Simon nous explique aussi la portée éducative de cette fête. «Dans les écoles, on préparait soigneusement cette journée. Il y avait toutes sortes de programmes. Les enfants, depuis la maternelle et ce jusqu'à l’Université, apprennent ainsi à éprouver du respect pour la petite fille, la jeune fille, sa mère, sa sœur, son professeur... D’ailleurs, ajoute notre interlocutrice toujours souriante, toutes les femmes sont belles et rayonnantes ce jour-là, de la petite fille à la grand-mère. » Le respect de la femme est le fondement même de la société.
Milena Le Comte Popovic