Des dessins de chevaux de Hanna Kürthy
Alors qu’elle était invitée par la Fondation Cziffra, Hanna Kürthy, femme peintre du mouvement, se baladait en forêt de Chantilly, lorsque fut à la fois surprise et émerveillée par une cavalcade, un envol, dira-t-on, de chevaux.
Des dessins de chevaux, combien n’en a-t-on déjà vus ? D’ailleurs ne sont-ils présents dans les grottes datées de 15.000 ans avant notre ère (Lascaux), Vinci ne nous en fit-il de merveilleux croquis, Dürer des gravures sur bois étonnantes, Picasso et autres petits maîtres ou grands s’y sont – permettez l’expression – « attelés » .
Mais là où est la particularité et la force graphique d’Hanna Kürthy c’est, justement, que ses chevaux sont une ligne discontinue. Sa plume (ou son rotring) reste collée à la feuille blanche sans jamais se poser/reposer et pourtant... ses chevaux sont des plus beaux et plus dynamiques que ceux de bien de grands peintres qui soient à voir, cette perfection, cette sûreté dans le trait est époustouflante.
Hanna Kürthy nous démontre par la justesse d’un seul trait ... que le cheval parle... hongrois !!!
L’œil qui veut suivre ce trait à la fois sûr et aérien, piqué et volatil, voit s’ouvrir un labyrinthe qui donne vie à la plus belle conquête d’homme, tous les mouvements y sont justes, et pourtant – il faut le répéter – d’un seul geste, d’un seul trait qui se meut telle une stance musicale, au point de faire surgir une hypnotique perfection... celle du trait noir d’encre, se jouant fin et fragile et au gré des courbes et des figures se transforme en épaisseur, force et précision, jouant sans cesse sur ces arpèges pour nous envelopper de sa symphonie.
Le miracle, le vrai, est qu’elle n’est que d’une seule couleur : noir d’ébène sur papier d’une blancheur virginale, et ce, sans même que la main d’Hanna Kürthy ne se lève, tels ces dresseurs d’étoiles face aux chevaux de feu.
La main, là, se fait cheval d’obstacles, cheval de cirque, cheval marin à l’élégance de l’hippocampe ou ... cheval de bataille ...
Il nous est surtout « cheval de Troie » par lequel l’artiste nous capture et nous captive, faisant voltiger notre esprit et nos sens tels sur un cheval d’arçon... pour nous entraîner sur une chevauchée pianistique de Cziffra... un même élan, une même couleur.
Jean-Jacques Cavalier
Exposition de Hanna Kürthy au Centre Nagylovas – 1101 Budapest, Kőbányai út 41/C
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