Dans l'attente de jours meilleurs

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La situation des banques

Pour ce numéro spécial sur les banques et institutions financières, le JFB est allé à la rencontre d’István Salgó, directeur d’ING, banque commerciale, et parfait francophone. Il nous présente le rôle d’ING Hongrie et évoque la situation du marché bancaire aujourd’hui.

JFB : Comment caractériseriez vous l’activité d’ING ? Comment se porte l’activité de votre banque aujourd’hui ?

István Salgó : ING est une banque commerciale, donc tournée vers les entreprises. Nous proposons ainsi différentes gammes de produits aussi bien aux institutions financières hongroises qu’étrangères, aux grandes sociétés hongroises, multinationales, et également aux sociétés de taille moins importante (filiales). Notre banque est classée par l’agence de gestion de la dette (AKK) depuis 9 ans comme le plus important intervenant dans la négoce des valeurs mobilières émises par l’Etat.

Nous ressentons bien évidemment la crise, mais moins que beaucoup d’autres banques, car nous ne sommes pas concernés par les activités les plus touchées par la crise : financements immobiliers, gestion des particuliers et PME. Mais il faut aussi souligner que notre gestion des risques a fait ses preuves au cours des trois dernières années.

Il reste néanmoins que l’activité de nos clients est ralentie par la crise, les impacts sur leur besoin de financement et de cash flow est réel. ING a saisi toutefois certaines opportunités et élargit, en reprenant des entreprises de la concurrence souffrantes, sa base de clientèle.

JFB - Quelle est la situation des banques aujourd’hui en Hongrie ? Quel est l’impact des taxes exceptionnelles, dirigées notamment vers les banques ?

I. S. : La taxe bancaire était une mauvaise surprise, bien qu'elle ait pour objectif la nécessaire stabilité macroéconomique. Le problème posé par la taxe bancaire est son montant et sa prédictabilité. L’introduction de cette taxe, en général, ne favorise pas les décisions d’expansion et le lancement de nouveaux produits.

Pour ING, les résultats positifs de la banque ont permis de payer cette taxe sans avoir recours à la société mère, ce qui n’est pas le cas de toutes les banques. La taxe bancaire est prévue sur une période de 3 ans. Quand la taxe a été annoncée, il était prévu qu'au cours de la troisième année elle serait décroissante. Le gouvernement vient toutefois d’annoncer que le niveau de la taxe resterait identique cette troisième année.

Par contre, le ministre de l’économie nationale, György Matolcsy, a déclaré qu’à partir de 2013 la Hongrie s’alignerait sur les règles de l’Union Européenne (UE) en introduisant la taxe européenne pour les banques. Si d’ici 2013, l’UE n’a pas trouvé d’accord sur la création de cette taxe commune sur les banques, la Hongrie baissera sa taxe de toute manière.

Force est de constater que le montant de la taxe bancaire prélevée dans notre pays est très élevé comparé à d’autre pays de l’UE, et surtout elle est payable par toutes les sociétés investies dans le secteur financier (Sociétés d’assurance, sociétés de leasing). Or dans d’autres pays de l’UE, la taxe n’est payée que par les banques.

Nous faisons donc confiance au gouvernement hongrois pour s’adapter aux normes européennes comme il l'a annoncé.

En tout état de cause, les résultats des banques (sans les succursales ou«branches») pour 2010, hors prise en compte de la taxe bancaire, sont en baisse nette : -73,3% par rapport à 2009, leur portefeuille a chuté de 5, 7% sur la même période. Les prêts ont considérablement diminué et la proportion des prêts à risque, dont une bonne partie en devises étrangères, a augmenté. Le capital des banques reste toutefois à peu près stable.

JFB : Les banques ont elles toujours la capacité de soutenir, par le crédit, le financement de la croissance ?

I.S. : Le financement de la croissance dépend de trois éléments : d’abord les ressources, ensuite la demande (et la qualité de la demande), enfin l’appétit des banques à prendre des risques.

Ces trois éléments sont dans l’ensemble en diminution pour des raisons de crise économique et financière. Par conséquent, les banques augmentent leur niveau de prudence sur les marchés.

JFB : Comment voyez-vous la situation macroéconomique de la Hongrie ?

I.S. : L’annonce du Plan Kálmán Széll est une bonne nouvelle à deux titres : tout d’abord, il vise la réduction du niveau de la dette publique à travers un contrôle rigoureux du déficit budgétaire (la Hongrie a le niveau de dette le plus élevé de la région). Ensuite, le plan s’attaque au problème de l’emploi en Hongrie. Il s’agit plus qu’une simple déclaration de mesures anti-chômage, le gouvernement s'engage en effet à augmenter significativement le niveau d’emploi dans le pays. Il faut rappeler qu’en Hongrie, la part de la population active comparée à la population en âge d’activité est la moins élevée en Europe. Accroître le niveau d’emploi est donc un vrai défi et en même temps une nécessité pour relancer la croissance économique.

Ces orientations gouvernementales vont dans le bon sens et nous ne pouvons que les encourager. Toutefois beaucoup de points dans ces mesures ne sont pas encore clairs, mais vont être annoncés progressivement au cours de l’année. Nous devons donc rester optimistes – tout en étant prudents - pour l’avenir.


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Gwenaëlle Thomas

NB: pour les amateurs d'architecture, le bâtiment dans lequel se situe le siège d'ING, au 84 rue Dózsa György dans le 6ème arrondissement, près de la Place des Héros, conçu par l'architecte hollandais Erick Van Egeraat a été classé parmi les 10 plus beaux bâtiments de bureaux par Financial Times il y a trois ans.

Cela a en vaut le détour !

 

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