Cri d’alarme de la jeunesse
La nouvelle aile de la galerie, ouverte récemment, est consacrée aux jeunes artistes. Ce vaste espace expose leurs œuvres qui expriment souvent une volonté d'explorer de nouvelles voies pour dépasser les moyens d’expressions classiques en peinture et en sculpture. Cette recherche reste ouverte, que ce soit dans les salles de l’exposition ou dans le livre édité pour l’occasion. Les jeunes artistes ont bien voulu se prêter à un jeu de questions-réponses pour expliquer leur art en présentant certaines des œuvres exposées.
Il est particulièrement intéressant de constater qu'au moment où ce groupe de jeunes artistes a finalement le droit d’entrer au musée, peintres et sculpteurs cherchent à élargir leur champs et à faire sortir leur art du cadre traditionnel pour aller à la rencontre du public. D’où vient cette obsession de l’interactif qui traverse notre époque ? – interrogeait déjà Nicolas Bourriaud au début des années 1990 dans son esthétique relationnelle, à laquelle font référence quelques artistes du groupe. Bourriaud parle d’une esthétique commune, celle de la rencontre, de la proximité, qui permet au spectateur de devenir un acteur artistique à part entière. Il semblerait que ce soit le cas pour certains des objets d’art exposés. Les lumières, les projecteurs en trois dimensions et les sons de l’ère numérique appellent les visiteurs à devenir acteurs, ou du moins à réfléchir. Le grand tableau de la «Bataille » de Gábor Kerekes, par exemple, nous met en garde contre les injustices de la politique dans le monde. La proximité des explosifs de Zsolt Asztalos nous rappelle l’alchimie et les dangers de notre quotidien. On retrouverait presque une forme traditionnelle avec le cabinet de travail de Humboldt . C’est l'irrésistible piège, nous sommes devant une série d’expériences : quel support rendra le plus fidèlement possible l’ambiance du cabinet de travail du grand savant Alexandre de Humboldt? Ádám Albert a fait un choix hybride entre dessins, gravures, et séquences tournées en 3D.
L’humour et la philosophie sont sensibles dans des tableaux comme celui de Rita Koralevics, représentant un arbre condamné par des planches, ou encore « Dreamswork », œuvre du duo franco-hongrois de Société Réaliste, composée de Ferenc Gróf et Jean-Baptiste Naudy . Tibor Kocsis, pour sa part, dépeint un immense triptyque à la surface de la lune, quand d'autres, à l'instar de Ádám Kokesch, se préoccupent de recyclage. On ne peut ici que donner un avant-goût de ce florilège de 70 artistes, avec plus d'une centaine d'objets d’art exposés (le studio est composé de 400 membres). A l'issue de la visite, vous repartirez avec l’espoir que l’art survivra grâce aux nouvelles expérimentations et au talent des artistes, mais aussi grâce à la réflexion publiée dans le livret. Cette nouvelle génération a un profil très particulier – jeunes et ouverts sur la question de l’art comme sur les sujets de société, mais aussi dans la vie quotidienne. Comme l’indique le couple Borsos Lôrinc avec beaucoup d’humour : « Projet de monument présenté au concours – ou comment se procurer un appartement. »
Éva Vámos
Galerie Nationale Hongroise jusqu’au 4 septembre de mardi à dimanche de 10h à 18h
1014 Budapest Szent György tér 2
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