Crédits contre confiance

Crédits contre confiance

Economie alternative

 

Avec la crise économique, de plus en plus de gens ont recours à des solutions non monétaires, contournant le système bancaire traditionnel et mobilisant les communautés à l'échelle locale. L’échange d’objets et de services, l’agriculture locale et les crédits communautaires se répandent actuellement en Hongrie, gagnée par cette tendance internationale.

 

 

En 1983, alors que le Canada était victime d’une récession, un entraîneur d’aérobic au chômage, Michael Lonton, décide de refaire la décoration de sa maison. Ne disposant pas de la somme nécessaire, il propose à son voisin, un peintre en bâtiment, de faire le travail en échange de cours de gymnastique. Il propose la même chose à un mécanicien pour la réparation de sa voiture. Cependant, cette situation ne satisfait guère les intéressés. C’est alors que l’entraîneur a l’idée de contacter les chômeurs dans la même situation que lui, afin d’échanger les compétences de chacun. Ainsi est né le premier système LETS (Local Exchange Trading System). Il a permis de stimuler l’économie régionale et de mieux supporter ces temps difficiles.

Actuellement, environ 5 à 10 000 initiatives sont basées sur ce modèle dans le monde entier, tel le Système d’Echange Local (SEL) en France. La crise économique actuelle donne un nouveau souffle à ces organisations à but non lucratif, qui permettent de contrebalancer en partie les effets de la récession. Dans cette optique, plusieurs associations civiles, parmi lesquelles Védegylet et ZöFi (Zöld Fiatalok, les Jeunes verts) ont organisé le Körfeszt, festival regroupant toutes les initiatives d’échange local hongroises, les KÖR (Közösségi Önsegítô Rendszerek) les 23 et 24 mai derniers à Budapest.

Les KÖR existent depuis longtemps en Hongrie, mais de façon très marginale. Auparavant les échanges se faisaient plutôt dans les villages, dont la petite taille permettait aux habitants de mémoriser facilement toutes les activités. Puis, dans les années 1990, une dizaine de groupes s’est constitué en Hongrie en suivant le modèle canadien. L’un des plus anciens est le Talentum Kör, fondé il y a 12 ans, qui dispose d'une «librairie de talent» virtuelle contiennant tous les services offerts par les quelques 150 membres. Une heure de travail coûte 100 Talentum, leur propre unité de mesure grâce à laquelle les membres peuvent gérer leurs dépenses et recettes. Cependant, malgré la constitution d’un réseau national en ligne, très peu de KÖR ont survécu et fonctionnent encore. D’une part parce que ces systèmes sont toujours basés sur la confiance entre les membres, ce qui est difficile à maintenir sur le Net, et d’autre part parce que cette solution va à l’encontre des principes de base de l’économie contemporaine. Le talent ne produit pas d’intérêt et les services ne sont souvent "rémunérés" que plusieurs mois après la prestation. Il n’y pas de hiérarchie de connaissances: une heure de comptabilité coûte la même somme qu’une heure de bricolage.

La crise semble tout de même renforcer ces processus alternatifs. Selon un sondage publié récemment par l’Institut de recherche hongrois Tárki, 1/4 des Hongrois demandent l’aide des amis et voisins afin de résoudre leurs difficultés financières. C’est la deuxième solution la plus répandue après les économies. D’après les expériences évoquées lors du festival, de plus en plus de systèmes d’échange spécialisés se créent – ainsi les membres de Bringa Konyha, membres du mouvement Critical Mass, se rencontrent-ils pour apprendre à réparer les vélos –, même si cela reste encore discret.

Judit Zeisler

 

Les Freeshops sont des marchés où les objets, des vêtements et livres d’occasion peuvent trouver de nouveaux propriétaires. Il y a un groupe hongrois sur le plus grand marché d’échange virtuel freecycle.org, qui comprend plus de 700 membres. Des freeshop sont souvent organisés dans le nouveau carnet culturel indépendant et atelier Tûzraktér, (Budapest, Hegedû utca 3)

 

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