Contre ou tout contre le deuxième sexe?
Le Billet d'Humeur
Avant photoshop ! Après photoshop !
Après l’indigestion de «palacsinta» au foie gras et la morne ambiance de crise du mois de janvier, faut rigoler, faut rigoler.
Et justement ça tombe bien, nos Chiennes de Garde sont là. Autrement dit, une merveilleuse exception culturelle française de plus que le monde entier nous envie certainement. Soit :
Un authentique MFF ( mouvement féministe français);
Pathologiquement AIPTP (agitateur d’idées paritaires très people);
Que certains machistadors n’hésitent pas à qualifier de meute d’hystériques MB (je vous laisse deviner tout seul…).
Quelle idée aussi que cette appellation canine; ça sent la muselière en latex et le fouet à pleine truffe.
Mais en fait de truffes, il faut dire qu’elles se posent un peu là nos Chiennes de Garde .
Vu d’ici, leur dernier combat pour le respect de la dignité de la femme dans les médias fait tout à fait penser à une micro tempête dans une boule à neige. En clair, une mini avalanche de mots définitifs sur un sujet qui n’en demandait pas autant en matière de publicité gratuite. Pourtant, cette fois, l’obscur objet du délit est si authentiquement cocasse que je ne peux résister au plaisir de vous le faire partager.
Le Nouvel Observateur, l’hebdomadaire français de la gauche intello, a eu en ce début d’année une idée commerciale géniale : fêter, en bon petit racoleur, les 100 ans de la naissance de notre Castor national. Au rencard les traditionnels portraits enturbannés à la Madame Grey et vive la pin up la plus improbable de l’année ! Ils ont donc acheté une photo prise à NY en 1952 par Art Shay alors que notre grande prêtresse de l’égalité entre les sexes, juchée sur des mules très pompadour retouchait nue et de dos, son éternel chignon de jeune fille sage. Quelle aubaine que ce cliché (il ne manque que les bas pour en faire un Lautrec) dans un monde où les femmes qui en ont dans le citron effrayent toujours ceux qui en ont peu dans le pantalon. Et comme en 1952 notre Simone comptait déjà 44 printemps bien sonnés la rédaction du journal n’a pas hésité à arranger la vérité : Photoshop est arrivé sans se presser et de la pointe du stylet a gommé quelques bourrelets.
Et Dieu créa Simone de Bimbo dans tous les kiosques à journaux ! Devant l’infâme sacrilège machiste fait à la Sainte Patronne de toutes les féministes françaises, le sang des Chiennes de Garde n’a fait qu’un tour
- Le Nouveau Voyeur frappe au-dessous de la Ceinture ! – (faiblarde l’accroche). Dans un tract assassin, elles mordent le rédacteur en chef au slip kangourou et le mettent en demeure de faire des excuses ou de montrer ses fesses publiquement. C’est ça la nouvelle parité : Fesses pour Fesses, Dents pour Dents ! Photoshop ou pas, que Jean Daniel qui flirte avec les 88 ans, s’épargne, de grâce, le mauvais goût d’une sure-en-chaire ! Pourtant, au-delà du cocasse de cette petite farce à la française, se dessine en arrière-plan une autre question .
Qu’est-ce qui nous dit que Simone de Beauvoir, aussi fine qu’elle le fût détesterait qu’en sus, on lui trouvât un joli cul ?
Est-ce parce qu’on nous donne à voir son postérieur que la voilà tout à coup reléguée en division B de la grande coupe des philosophes ?
Cette photo ne lui a pas été volée, elle en connaissait l’existence. Les Chiennes de Garde clament que c’est un moyen réducteur de la représenter et que « le journal doit expliquer le rapport entre les fesses de Beauvoir et l’originalité de sa pensée ». Et justement, bananes, s’il y en avait un ? La philosophe nue que nous voyons ici est une belle femme mure en pleine possession de ses atouts. Elle renvoie une image libre et sensuelle d’harmonie et, ce, en dépit de son âge et de ses imperfections. Ainsi, elle nous donne à penser qu’il est important d’être bien dans ses fesses et que les siennes avaient également un esprit vivant et fécond qu’elle aurait été bien sotte de sous-estimer.
Sainte Simone avait donc un séant spirituel et… le savait. La messe est dite, paix à sa libre-pensée et que les Chiennes de Garde et autres féministes de salon aillent donc dans cette affaire se rhabiller.
Marie-Pia Garnier