CONFIDENCES PUBLIQUES
Gilles Bourdouleix, au service de l’amitié franco-hongroise
Gilles Bourdouleix, député du Maine et Loire, rattaché à l’Union des Démocrates Indépendants (UDI), se voit confier la Présidence du Groupe d’Amitié Parlementaire France-Hongrie au Palais Bourbon. Le JFB est allé à la rencontre de ce tisseur de liens, discret et pragmatique, qui dévoile son parcours et, en avant-première, ses ambitions pour faire vivre l’amitié franco-hongroise.
Comme Joachim du Bellay, c’est la douceur angevine qui a bercée l’enfance et la jeunesse de Gilles Bourdouleix. Né le 15 avril 1960 à Angers, il y poursuit paisiblement ses études primaires, puis secondaires. Sur les conseils de son père, qui aurait voulu le voir embrasser la carrière d’expert-comptable, il s’oriente ensuite vers le droit. Le sujet le passionne, en particulier le droit constitutionnel, le droit public et les sciences politiques, ce qui lui permet de concilier la volonté paternelle et son admiration, qui remonte à sa plus tendre enfance, pour la politique et les figures de son temps. « Mon premier souvenir télévisuel remonte à mes 3 ans », se souvient-il. « Il s’agissait de John Fitzgerald Kennedy, dont je garde en mémoire l’enterrement diffusé sur l’écran noir et blanc de la télévision familiale. C’est peut-être cette image qui a marqué le déclic de mon engagement en politique et qui m’a conduit ensuite à Sciences Po Paris, puis à saisir l’opportunité d’un premier emploi au côté de Maurice Ligot, l’ancien député-maire de Cholet et enfin à rejoindre l’Assemblée nationale. »
Son modèle politique ? « Le Général de Gaulle », répond-il sans hésiter. À la fois « par tradition familiale, car j’avais un oncle aviateur qui l’a rejoint en Grande-Bretagne dans son combat, avant de perdre la vie au commande de son appareil » et puis surtout parce que « de Gaulle c’est pour moi la référence de l’engagement pour la France, du respect de ses racines et de ses valeurs, avec ses qualités et ses défauts », précise-t-il.
C’est précisément le sens de l’engagement qui pousse Gilles Bourdouleix à s’éloigner de l’Ouest de la France pour l’Ouest de l’Allemagne où il accomplit ses obligations militaires dans un régiment d’infanterie. C’est encore ce même sens des responsabilités et sa passion pour la chose publique qui le conduisent en 1995 à briguer son premier mandat de maire de Cholet, puis en 1997 et 2002 celui de Conseiller Régional et enfin en 2002 le mandat de député de la 5e circonscription du Maine et Loire, qu’il exerce depuis sans discontinuer.
Sur le plan politique l’homme affiche son attachement à Nicolas Sarkozy, dont le portrait trône sur l’un des murs de son bureau. Toutefois, indépendant et légaliste dans l’âme, il n’a pas hésité à émettre des réserves sur certains aspects de sa politique (droit constitutionnel, bouclier fiscal) et à s’éloigner de l’UMP pour rejoindre depuis le 26 juin dernier, le Groupe de l’UDI présidé par Jean-Louis Borloo.
Nous n’avons pas encore tiré tout le parti des liens historiques tissés avec la Hongrie
Gilles Bourdouleix ne s’en cache pas : il n’est pas un expert des relations franco-hongroises. Jusqu’ici, c’est seulement à travers un jumelage entre le Conseil Général du Maine et Loire et le département de Veszprem qu’il a eu l’occasion de découvrir le pays et d’enrichir les liens existants avec la France. «On m’a proposé plusieurs présidences de Groupes d’Amitié. J’ai choisi la Hongrie par goût personnel, mais aussi pour l’attachement de ce pays à la francophonie. »
Autre point commun avec le poète angevin fondateur de la Pléiade et auteur du manifeste Défense et illustration de la langue française, le nouveau Président souhaite que le ciment de la francophonie puisse contribuer à renforcer et faire vivre les liens entre la Hongrie et la France. « C’est une chance que d’avoir pour partenaire un pays européen, à la fois francophone et francophile, avec qui il existe des liens déjà profondément enracinés. Mon ambition consiste à capitaliser sur ces liens linguistiques et historiques pour nourrir et dynamiser les relations culturelles, mais aussi commerciales ou encore diplomatiques entre les deux pays. »
Or, il semble qu’il y est encore beaucoup à faire si l’on en croit le premier « état des lieux » dressé par Gilles Bourdouleix : « J’ai participé le 29 octobre dernier à un dîner-débat organisé par l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI) en présence de János Martonyi, ministre des Affaires Étrangères Hongrois. À cette occasion, j’ai été très surpris de la virulence des questions adressées au Ministre et par la remise en cause générale de ce qu’est la politique hongroise, alors que les réformes dans ce pays sont conduites par un Gouvernement parfaitement légitime pour les mettre en œuvre. Cette attitude participe de l’arrogance française qui consiste à toujours donner des leçons y compris en matière de carte électorale. Il me semble que sur ce plan nous devrions faire preuve d’un peu plus de modestie, en particulier si l’on se souvient des « tripatouillages » que nous avons pu connaître en la matière sous la présidence de François Mitterrand. »
Je veux faire vivre le Groupe d’Amitié Parlementaire France-Hongrie !
Le groupe d’Amitié Parlementaire France-Hongrie, auquel se sont d’ores et déjà rattachés 27 députés, tiendra sa réunion inaugurale mi-novembre. C’est à cette occasion que devrait s’esquisser le programme d’actions pour 2013 et la 14e Législature. « Nous comptons beaucoup sur le relais des Ambassadeurs pour orienter nos travaux et nous permettre de concentrer notre action sur ce qui peut être utile pour nos deux pays. », précise Gilles Bourdouleix. « J’ai d’ailleurs eu le plaisir de rencontrer il y a quelques jours, László Trócsányi, l’Ambassadeur de Hongrie en France. Celui-ci m’a cordialement convié à organiser dans les prochaines semaines un dîner à l’Ambassade avec les membres du Groupe d’Amitié, ce qui me semble un excellent point de départ pour faciliter les contacts et mobiliser les énergies », ajoute-t-il. « Je souhaiterais qu’avec les faibles moyens qui sont ceux d’un Groupe d’Amitié Parlementaire nous puissions envisager rapidement l’envoi d’une délégation pour rencontrer nos homologues hongrois. »
Gilles Bourdouleix a aussi voulu profiter de sa rencontre avec le JFB pour adresser un message aux 50 000 Français de Hongrie : « Je tiens à ce qu’ils sachent que le Groupe que je préside est à leur écoute pour faire avancer les dossiers qui leurs seraient utiles dans le cadre des relations avec la Hongrie et qu’ils continuent à apporter leur contribution pour les faire vivre. » Nul doute que l’invitation sera entendue par vous, lecteurs du JFB, et fera écho auprès de tous les acteurs qui œuvrent sur le terrain pour renforcer l’amitié franco-hongroise.
Philippe Godfrain