CONCERT: Steve Reich
«From Chicago to New York / one of the fastest trains / the crack train from New York / from New York to Los Angeles / different trains every time».
Il y a plusieurs années, je plongeais dans l'univers de Steve Reich à travers The Different trains. Cette œuvre, commandée par Betty Freeman pour le Kronos Quartet à la fin des années 1980, est la première pièce de Reich utilisant le discours parlé comme matériau musical où il introduit des enregistrements d'interviews réalisés pour l'œuvre, et non de simples bandes magnétiques retravaillées. Il est des compositions qui ouvrent des portes jusqu'alors même inconnues et, pour ma part, The Different trains est de celles-ci. Avec cette pièce, Steve Reich met en parallèle son expérience de très jeune enfant de parents divorcés – dont le père vivait à New York et la mère à Los Angeles – qui devait fréquemment, de 1939 à 1942, prendre le train pour aller d'une ville à l'autre au cours d'un voyage de deux jours, avec la mémoire des déportés d'Europe convoyés dans les trains vers les camps de concentration. Steve Reich sous-entend que s'il avait vécu en Europe à cette époque, en tant qu'enfant juif, ce sont ces «trains bien différents» qu'il aurait probablement dû prendre. Qu'un univers musical contemporain puisse atteindre une telle richesse narrative et signifiante avait été une vraie révélation à mes oreilles de néophyte. J'ignorais alors à qui j'avais affaire, l'homme est pourtant loin d'être un inconnu... et Budapest peut se réjouir de l'accueillir en invité spécial à l'occasion de l'interprétation donnée par l'Amadinda Percussion Group de sa célèbre Musique pour 18 musiciens, composée en 11976.
Petit rappel pour ceux qui n'ont pas encore croisé l'univers musical de Steve Reich, musicien et compositeur américain considéré comme l'un des pionniers de la musique minimaliste. Entre 1965 et 1976, il qualifie ses compositions de «musiques de phases», en référence à son invention de la technique et du principe musical du phasage/déphasage. C'est à cette époque qu'il créée Gonna Rain (1965) et Come Out (1966), ses deux premières oeuvres reconnues. A partir de 1976, il développe une écriture musicale basée sur le rythme et la pulsation avec l'une de ses œuvres les plus importantes, Music for 18 Musicians (1976), qui marque le début de son large succès international, mais aussi Eight Lines (1979) et The Diffrent trains (1988), précédemment évoqué. Dès lors reconnu comme un compositeur contemporain essentiel, il oriente son travail de composition autour de la mise en musique du discours, notamment dans des œuvres multimédia associant la vidéo. Si ses influences musicales vont de J-S Bach à John Coltrane en passant par Erik Satie, Béla Bartok (dont Mikokosmos) ou Igor Stravinsky, il a lui même eu une influence considérable sur le monde de la pop music, en particulier sur Brian Eno, qui reconnaît que son Music for Airports est «un produit de la musique de Reich», mais aussi sur David Bowie et ultérieurement sur bien des artistes des musiques électroniques.
Musique pour 18 musiciens de Steve Reich par le Amadinda Percussion Group (Hu) dirigé par Zoltán Rácz.
Le 6 décembre à 19:30
Tarifs: 1300.- 2800.- 3800.- 4800.- HUF
MÜPA