CONCERT: Karim Ziad et Ifrikaya

CONCERT: Karim Ziad et Ifrikaya

Image retirée.Il est peut-être temps de redécouvrir la vraie facette de la « world music », notion utilisée par les musicologues depuis les années 1960. Mais qu’est-ce que nous entendons exactement par ce terme ? Ou à quoi nous attendons-nous en nous précipitant à un concert portant la définition générique de « musique du monde » ? Les cultures ont toujours évolué grâce à la circulation des gens et des idées, aux rencontres. Mais où chercher les racines de toutes ces cultures – dans le cas présent – musicales qui cohabitent sur terre ? Le sol raboteux du continent noir est l’un des leitmotivs des poètes africains ou d’origine africaine – il suffit d’ouvrir un recueil d’Aimé Césaire par exemple. La nostalgie éternelle imprègne leurs vers, le désir inlassable de vouloir retrouver et revoir la terre des ancêtres. Car « l’Afrique est la mère de tous les peuples », chante aussi le maître quarantenaire et berbère des percussions. En ce début du deuxième millénaire, Karim Ziad est devenu en quelque sorte l’« ambassadeur » des mélodies et rythmes africains dont il s’efforce de garder la force et l’authenticité – c’est le mot clé – même s’il les insère dans un contexte musical occidental, c’est-à-dire qu’il les arrange à sa manière. Le parcours de ce natif d’Algérie ne manque pas de courbes et reliefs : avant de fonder le premier groupe de hard rock oriental, Khindjar, il a débuté sa carrière musicale dans des restaurants ou lors de mariages avec un répertoire allant des harmonies traditionnelles marocaines ou algériennes aux chansons de Stevie Wonder. Plus tard, il s’est rendu compte qu’il ne suffisait pas de jouer d’un instrument pour pouvoir transmettre ce qu’il avait à dire, il s’est donc inscrit au Conservatoire National de Paris, ville qui lui a ouvert les portes des plus grandes figures du raï en France. Karim était notamment batteur de Cheb Mami avant de rencontrer le guitariste d’origine vietnamienne, Nguyên Lê, avec qui il a partagé son enthousiasme pour le métissage musical et co-signé un disque intitulé Maghreb et Friends. « Karim voulait présenter un côté méconnu de la musique du Maghreb, celui qui est profondément ancré dans la tradition africaine opposé au côté oriental. Il s’agit des musiques pentatoniques, celles des Gnawas, des B’net Houariyat... », raconte Nguyên Lê. La musique gnawa garde toujours quelque chose du mystère des rituels, mais dans les enregistrements faits avec son propre groupe, Ifrikya (Afrique en arabe), Karim mêle encore le chaâbi, musique populaire d’Algérie datant du début du 20e siècle, ou des airs traditionnels du Maghreb investis dans une fusion jazzy. La base de tout ce métissage est le rythme (quoi d’autre ?) et la transe, l’expérience collective menant à un partage réciproque.

 

C’est donc un vrai événement que d’accueillir à Budapest Karim Ziad et Ifrikya, épaulés d’un des chanteurs de gnawa les plus populaires en Algérie, Hamid El Kasri! Et pour que le patriotisme local soit également satisfait, Ifrikya y sera précédé du concert de Chalaban, groupe fondé par Said Tichiti, guembri et luth à la main, justement dans la capitale hongroise – car tous les chemins mènent à Budapest ! Selon les rumeurs, les motifs orientaux ne manqueront pas dans le décor non plus et, avec un peu d’optimisme, on peut aussi espérer siroter une tasse de thé à la menthe.

Sophie Lemeunier

 

Karim Ziad et Ifrikya

Trafó.

Samedi 31 janvier, 20h.

 

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