Comment regonfler l’économie hongroise?

Comment regonfler l’économie hongroise?

Le plan Széchenyi

Viktor Orbán a présenté mi janvier son nouveau plan Széchenyi dont l’objectif est de relancer l’emploi par le développement économique et social. Un plan très ambitieux puisqu’il prévoit la création d’un million d’emplois en Hongrie sur une période de 10 ans. Les mesures seront-elles à la hauteur des objectifs ?

Pourquoi le nom Széchenyi ? Le comte István Széchenyi est né à Vienne en 1791. Il fut un homme politique, économiste et écrivain, appelé de son vivant par Lajos Kossuth "le plus grand des hongrois". Il mit la Hongrie sur les rails du progrès.

Un plan de relance ambitieux

Ce nouveau plan Széchenyi sera effectivement beaucoup plus ambitieux que celui datant du premier gourvernement d’Orbán et qui se solda en une tentative assez modeste de relance de l’économie, alors qu’il avait été présenté comme la solution ultime à tous les maux de la Hongrie. Les 120 milliards de Forints accordés à ce plan ne suffirent cependant pas à couvrir les objectifs fixés par le FIDESZ.

Ce sont aujourd’hui 7 000 milliards de Forints que le gouvernement hongrois souhaite affecter au nouveau plan Széchenyi entre 2011 et 2014 et qui devraient augmenter le taux d’investissement annuel du pays de 5 points. C’est ce qu’a indiqué le ministre de l’économie, György Matolcsy.

Le ministre du développpement, Tamás Felleg, a précisé que ce montant affecté au plan serait alimenter par des fonds nationaux, mais aussi par les fonds européens. 2000 milliards de financements européens seraient en effet disponibles d’ici 2013.

Viktor Orbán a affirmé quant à lui que «le succès du plan Széchenyi est vital pour le futur du pays» et que «L’objectif est d’équilibrer le budget, de maintenir le déficit en dessous des 3% et de réduire la dette du pays».

Ce plan, annoncé comme un revirement de la politique économique hongroise, tourne autour de 7 priorités: l’amélioration de la politique et de l’industrie de la santé, le développement des énergies renouvelables et d’une «économie verte», le logement, la promotion des entreprises, des sciences et de l’innovation, de l’emploi, et des transports.

Le ministre du développement, Tamás Fellegi, a mentionné parmi les nombreux domaines sur lesquels porteront le plan Széchenyi, les routes et projets d’infrastructures, la construction d’un pont piétonnier entre Buda et Pest, la recontruction du stade Puskás Ferenc, les projets de développement durable comme l’extension des voies cyclables,...

Le soutien aux petites et moyennes entreprises

Le premier ministre a insisté sur le soutien accordé par ce plan aux petites et moyennes entreprises qui sont, selon lui, la base d’une économie saine.

Les démarches administratives pour obtenir des subventions devraient notamment être simplifiées, pour que les PME puissent participer aux appels d'offre plus facilement. Aujourd'hui les PME peuvent difficilement y participer car les démarches sont très complexes et requièrent le concours d'experts.

L’institut de recherche économique «GKI Gazdaságkutató Zrt.» a indiqué toutefois que 60% des responsables de jeunes entreprises ont déjà subi une fois une faillite, laissant derrière eux des factures impayées.

Dans un pays qui a été marqué pendant la période communiste par un fort soutien aux grandes entreprises, et dont le secteur productif est aujourd’hui restructuré par l’occident, ce soutien au PME a du sens. Il permettra probablement de rééquilibrer l’économie nationale. Ces PME devront toutefois s’intégrer dans un processus moderne notamment en terme de productivité.

Et les réformes sociales ?

Le premier ministre a aussi souligné que «chaque hongrois devra contribuer à la reconstruction du pays et il sera exclu que certains groupes de personnes puissent se soustraire au monde du travail et vivre comme des parasites aux dépends des contribuables. Nous ne pouvons accepter ce type d’attitudes qui mettrait en péril le succès de ce plan». Les hongrois devraient-ils donc bientôt se préparer à rentrer dans l’ère du «travailler plus pour gagner plus» ? En toute évidence, le gouvernement s’apprête à effectuer des coupes sombres dans les aides sociales. En première ligne les chômeurs, mais également les retraités et les malades. Une série de mesures devraient en effet être annoncées le mois prochain pour réduire significativement les prestations sociales à l’égard des chômeurs et diminuer également le nombre de médicaments pris en charge par le système de santé. Il faut espérer que les bienfaits du plan Széchenyi se feront vite sentir sur la situation de l’emploi car en la période de crise actuelle, nombre de personnes se retrouvent déjà dans des situations difficiles. Il ne faut pas oublier que le taux d’emploi en Hongrie est un des plus faibles de l’Union Européenne, après Malte. Le taux de chômage a atteint les 11% en avril 2010. Et ce ne sont pas les licenciements multiples effectués dans la fonction publique qui risquent d'arranger la situation. Mais le ministre de l’économie n’a t-il pas annoncé la création de 300 000 emplois d’ici 2014, soyons donc optimiste !

La Hongrie comme modèle européen ?

Selon Orbán, «cette opportunité de réorganiser un pays n’arrive qu’une fois au cours d’une vie». Le premier ministre a même déclaré que «si le plan Széchenyi réussit, ça pourrait être un exemple pour tout le continent». Cela reste à voir et quand bien même ce ne serait pas le cas, le gouvernement Fidesz ne sera peut être plus au pouvoir dans 10 ans pour rendre des comptes.

Gwenaëlle Thomas

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