Colloque: François Fejtő

Où va le temps qui passe? tel est le titre donné par François Fejtő à ses entretiens. Une question qui tombe à point, à l’approche du centenaire de sa naissance. L’occasion d’évoquer plusieurs colloques et table-ronde dédiés à cet homme exceptionnel, témoin authentique du XXe siècle. François Fejtő a partagé ses presque cent ans entre plusieurs patries, explique Pierre Kende: la Monarchie austro-hongroise dont il était l’enfant, la Hongrie de l’entre-deux guerres où il est “entré en littérature” (comme d’autres entrent en religion), ses deux autres patries étant la France, où il avait élu domicile en 1938 et où il est mort 70 ans plus tard, enfin l’Italie où il comptait de nombreux amis et qu’il aimait – la Toscane en particulier – d’un amour presque charnel». Pierre Kende, lors de la conférence qui inaugurait un colloque dédié à François Fejtő, a ainsi mis en lumière ce passager du siècle, cet observateur engagé qu’est Fejtő au regard de l’histoire intellectuelle du XXe siècle .

Un autre colloque à Paris fut également dédié à ce “passager du siècle”. L’on y a cerné son personnage, l’homme politique et l’historien – comme en a témoigné l’historienne hongroise Mária Ormos. Elle, ainsi que plusieurs autres participants, ont eu une nouvelle approche de l’oeuvre Requiem sur un Empire défunt, que Fejtô a écrit sur l’Autriche-Hongrie. Parmi d’autres, la communication d’Elisabeth du Réau a quant à elle porté sur l’année 1956 et Fejtő. Le colloque était organisé par le Centre Interuniversitaire d’Etudes Hongroises de Paris 3-Sorbonne Nouvelle, en collaboration avec l’Institut Hongrois à Paris.

Le premier colloque, inauguré en Hongrie au Collegium Budapest, était suivi par d’autres conférences des universitaires et rédacteurs venus de tous les horizons au château des Károlyi à Fehévárcsurgó. Lieu inspiré – a souligné l’ambassadeur de France, M. René Roudaut, car ce colloque a eu lieu dans la bibliothèque léguée par Fejtô, où se tenait une exposition dédiée à l’année 1989. György et Angelica Károlyi ont parlé des liens privilégiés qu’eux-même et Mihály Károlyi, ancien Président de la République, avaient entretenu avec François Fejtő. Les paroles d’Edgar Morin, de Thomas Schreiber et celles de Paul Lendvai nous révèlent autant de moments importants et des curiosités au sujet de l’histoire vécue et documentée sur le J’accuse de Fejtő pour le procès Rajk et la genèse du volume Le passager du siècle. Les entretiens avec Fejtő étaient présentés par le diplomate et écrivain Maurizio Serra. Magda Ferch a parlé des éditions hongroises et des historiens littéraires Ágnes Széchenyi, György Tverdota et Péter Agárdi ont apporté le résultat des travaux récents. Et, bien sûr, il reste a découvrir le travail d’autres chercheurs éminents qui ont participé au débat. Pour terminer ce chapitre des célébrations, une table ronde sur la Revue Esprit et la Hongrie ( 1949-1989) sera animée le 8 juin à l’Institut Français de Budapest.