Cinéme: Refuge

Cinéme: Refuge

«Le Refuge», ce film remarquable de François Ozon, a été diffusé à Budapest dans le cadre du Festival du film Titanic. C’est en présence du compositeur-comédien Louis-Ronan Choisy que la première a eu lieu. Nous l’avons rencontré à cette occasion.

 

 

JFB : Vous êtes un musicien connu et c’est la musique qui vous a amené au cinéma. Comment avez-vous rencontré François Ozon?

Louis-Ronan Choisy: J’ai invité François Ozon à un concert. Il m’a alors proposé de faire des essais pour un projet de film. Finalement, j’ai mêlé mes compétences de musiciens et d’acteur pour ce film : j’ai écrit une chanson, une sorte de berceuse devenue la bande originale du film, avec des paroles un peu naïves, un peu mystérieuses sur la double relation entre Mousse et son enfant et aussi entre Mousse et Paul. C’est une chanson sur l’absence et la recherche de l’amour. Pour le rôle de Paul, un personnage très fragile, en pleine crise d’identité, François Ozon m’a dit d’être le plus naturel possible et de ne pas chercher à jouer un rôle, mais juste d’être, de vivre les scènes le plus simplement possible.

JFB : Le début du film est très dur : deux jeunes, liés par la passion, se droguent. Un jour, c’est l’overdose. Louis meurt mais la jeune femme, Mousse, finit par sortir du coma et apprend qu’elle est enceinte. C’est à ce moment-là que Paul, le frère cadet de Louis, entre dans sa vie, il devient le personnage clé que vous jouez. Et là Ozon nous réserve des moments inattendus. Dans une scène, la question est posée de savoir lequel des deux hommes aurait du mourir. Paul a été adopté et jamais vraiment accepté, ce dont il a toujours souffert. Comment évolue son rôle ?

L-R. C.: C’est un personnage complètement renfermé, qui n’a pas confiance en lui et qui n’a pas coupé le cordon avec sa famille. A la fin du film, il trouve son équilibre, il s’assume. Le film débute avec un thème tragique. Puis, les deux personnages principaux entrent en scène, complètement fermés. Ils s’ouvrent petit à petit l’un à l’autre et commencent à prendre goût à la vie. Ce qui est intéressant dans le film, c’est que mon personnage a un instinct paternel plus fort que l’instinct maternel de Mousse. Il la protège pendant sa grossesse. Elle garde l’enfant pour ne pas oublier l’homme qu’elle aimait. Si elle confie finalement son enfant à Paul c’est avant tout parce qu’il est la seule personne qui a essayé de la comprendre et de l’aimer pour ce qu’elle est. Ce don, cette relation de confiance est une façon pour Mousse de faire le deuil de Louis. Paul aura avec l’enfant de Mousse un rapport vrai et ne l’écartera jamais de la vérité, ce doint il a souffert lui même.

Ce fut une grande chance pour moi de jouer avec Isabelle Carré. Elle s’est montrée extrêmement courageuse, étant réellement enceinte. Ce fut donc une véritable épreuve physique et psychologique. Mais nous avons tenu le coup !

Éva Vámos

 

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